À l’aube du All-Star Break où J-Dub a été sélectionné pour participer au Rising Stars Challenge, l’occasion est toute trouvée pour revenir sur la belle saison jusqu’ici du numéro 12 de la dernière draft. Retour sur un rookie n’ayant pas la tête de l’emploi, qui a rapidement impressionné et su s’imposer en tant que couteau suisse dans l’effectif du Thunder.
Stats : 53 matchs, dont 40 startés, 29 minutes
12.2 points, 3.2 rebonds, 2.9 passes, 1.2 interceptions, 0.5 contres, 1.6 turnovers
50.8% au tir (9.6 tentatives), 32.4% à 3pts (2.7 tentatives), 75.9% aux lancers (2 tentatives)
Un joueur multifonction truffé de qualités
Un scoreur efficace
Marquer des points, J-Dub l’a fait dès ses premiers matchs et a continué de le faire de manière régulière jusqu’à maintenant. Avec 12.2 points de moyenne, il est le 4e meilleur marqueur des rookies de la ligue et du Thunder cette saison. Des chiffres tout à fait honorables, mais le plus hallucinant réside dans son efficacité et dans ses pourcentages au tir : 50.8% au tir (Top 1 des rookies guards/forwards et Top 2 du roster), 58% de True Shooting, 75.9% aux lancers. Pour un première année, le mariage volume/efficacité est plus qu’impressionnant.
Cette efficacité au tir, il le doit à son style de jeu offensif qui se veut scoreur agressif dans la raquette. En effet, J-Dub profite de son explosivité, de sa vitesse, de son toucher de balle et de sa faculté à résister au contact pour prendre 53% de ses tirs dans la raquette avec un pourcentage de 68% près du cercle !
Qui dit explosivité, dit détente et tomar, et avec lui, on peut dire qu’on est servi. Avec 58 dunks cette saison, il est tout bonnement le 2e meilleur dunkeurs des rookies, 34e de la ligue et 1e parmi les guards si l’on considère J-Dub est un guard.
Scorer au panier, c’est quelque chose qu’il fait très bien après avoir driver en puissance grâce à son bon handle, mais il est diablement plus efficace suite à un mouvement off-ball. En effet, le schéma offensif de Daigneault et la paire SGA/Giddey permettent à J-Dub de se régaler en coupant au panier ou tout simplement en trouvant l’espace libre et ainsi marquer 56% de ses paniers suite à une passe décisive. Ce jeu off-ball, que l’on a pu observé dès la Summer League, témoigne d’un sens du timing, d’un QI basket et d’une lecture de jeu toujours très avancé pour un rookie. C’est à se demander si c’est vraiment un rookie…
Avec 6 matchs à 20 points ou plus (bilan de 4-2) et 29 à 10 points ou plus, rares sont les matchs où Williams est invisible et n’est pas efficace au scoring. Maintenant, on attend la perf à 30 points…
Sa palette offensive est cependant limitée cette saison à cause d’un gros point noir, son adresse à 3 points (32.4%). Ses choix de shoots et son geste sont bons mais la réussite peine à venir avec. Cependant, tout n’est pas perdu car on sait que J-Dub est capable rentrer ses tirs de loin et d’être régulier au vu de ses pourcentages lors de sa dernière saison à Santa Clara (39.6%). De plus, il montre des progrès cette saison, étant donné qu’il tourne à 40% sur le mois de février. Il y a donc de quoi être optimiste…
Il doit maintenant travailler au maximum sur ce tir derrière l’arc ainsi que sur son mid-range (32.6%), qu’il pourrait utiliser et développer d’avantage. À terme, il deviendra sans aucun doute un scoreur encore plus polyvalent qu’il ne l’est déjà en punissant de partout sur le terrain.
Un vrai talent de passeur
Lorsqu’il jouait à Santa Clara en NCAA, ses talents de passeurs étaient déjà visibles et force est de constater que J-Dub les a parfaitement transposés à la NBA. Il est le 4e meilleur passeur des rookies et le 3e de l’effectif en tournant à 2.9 passes décisives par match.
Même si Mark Daigneault l’essaye sur des tâches de meneur de jeu, distribuer autant pour les autres lorsque l’on a Shai et Giddey à ses côtés est une belle performance pour Williams.
En tant que première année, il n’a pas eu de grandes difficultés pour s’adapter à la complexité des mouvements NBA grâce à sa vitesse de lecture, sa patience balle en main et sa faculté à saisir les opportunités. En effet, il est parfois coincé sur ses drives et ne peut pas aller au panier, mais il ne s’enferme pas, patiente et sait parfaitement trouver la bonne passe. Encore une fois, le rookie fait preuve de maturité…
De réelles qualités défensives
Défensivement, il y avait quelques interrogations sur le rookie lors de sa draft notamment à propos de son manque de vitesse latéral. Cependant, Jalen Williams a parfaitement égalé ou dépassé les attentes à ce sujet.
Tout d’abord, son envergure hors du commun de 2m18 (pour 1m98) et ses bras interminables lui permettent automatiquement d’être un défenseur correct. Si on s’amuse à comparer, il a une envergure plus importante que Bam Adebayo (2m17) et n’est qu’à 3cm d’un Kawhi ou d’un Jokic. En plus de ses qualités athlétiques, c’est cette envergure et cette verticalité qui lui permet de gêner son vis-à-vis et de défendre sans vergogne 4 postes, allant de meneur jusqu’à ailier fort.
Faisant ainsi de lui un défenseur très correct, J-Dub a déjà eu de grosses responsabilités en marquant des joueurs comme Jaylen Brown ou Jamal Murray et pouvant tout à fait switcher sur le meilleur attaquant adverse (normalement marqué par Giddey Dort). De plus, il est intéressant en aide à l’intérieur grâce à ses longs bras et est discipliné et actif sur les closeouts.
Maintenant, si l’on s’attarde sur ses stats défensives brutes, il est encore plus impressionnant : 0.5 contres (Top 1 des rookies guards et Top 3 des forwards) et 1.2 interceptions (Top 1 des rookies et Top 2 du roster) de moyenne sur la saison. Tout cela est hallucinant, mais ce n’est rien comparé au fait que Jalen Williams est le meilleur intercepteur DE LA LIGUE sur l’année 2023 avec 2.1 ! Oui oui, c’est toujours un rookie. Étant très attentif en défense off-ball et ayant une bonne lecture des lignes de passes, il profite ainsi de la bonne défense collective pour intercepter de nombreuses balles.
S’il n’est pas un défenseur élite et qu’il a encore une marge de progression, il est loin d’être une faiblesse pour l’équipe de ce côté du terrain, car il en est presque un atout.
Une intégration immédiate et un rôle tout trouvé
Le joueur sait tout faire, on l’a compris. Maintenant, qu’en est-il de son intégration et du rôle qu’il exerce au sein du Thunder ?
Après avoir raté quelques matchs suite à un marron pris dans le visage par Jaden McDaniels lors du premier match, J-Dub a démarré sa saison en mode Batman masqué et n’a pas perdu de temps pour s’intégrer.
Pour toutes les raisons citées au-dessus, Daigneault a rapidement fait confiance au jeunot en lui donnant beaucoup de minutes et Williams s’est donc imposer comme titulaire indiscutable au poste 4 avec 40 matchs dans le 5 majeur pour 53 matchs joués. S’étant adapté au jeu NBA comme s’il y avait toujours joué, il est devenu indispensable à l’équipe et a joué 29 minutes en moyenne par match soit le 4e plus gros temps de jeu parmi les joueurs d’OKC et le 5e parmi tous les rookies.
Étant un joueur multi-tâche, J-Dub apporte beaucoup au Thunder dans ce rôle de couteau-suisse qui facilite le jeu et simplifie la vie de ses coéquipiers en cochant les cases vides. Il n’est peut-être pas élite offensivement ni défensivement, mais c’est un véritable homme à tout faire régulier dans ses performances qui se rendra utile quoi qu’il arrive.
Jalen Williams peut ainsi attaquer sous différents postes et différentes situations notamment en étant poste 4 et ainsi plus jouer off-ball, en jouant 2-3 et en étant 2nd ball-handler à côté de Shai ou Giddey, il peut même jouer 1 sur quelques séquences en tant que play-maker, etc. De plus, c’est un très bon joueur sur pick and roll en tant que ball handler, mais aussi en tant que roll man !
Formant un quatuor avec Shai-Giddey-Dort, J-Dub a créé une très bonne alchimie avec eux et s’est très bien intégré au reste du groupe. SGA et Giddey étant les deux joueurs avec qui il est le plus sur le terrain, ils sont ceux qui lui fournissent le plus de passes décisives. Une relation avec les deux guards très intéressante, car complémentaire que cela soit avec les deux sur le terrain ou bien avec uniquement l’un des deux.
Le Thunder est aujourd’hui 10e de l’Ouest avec un bilan inattendue de 28-29, tout n’est pas grâce à lui mais l’arrivée de Williams a grandement contribué à cette progression collective. Ajouter un joueur de ce niveau se glissant parfaitement dans le collectif est une réelle chance, et encore plus quand ce joueur est un rookie tout fraîchement drafté.
Le joueur a d’ailleurs tout récemment affiché son envie de gagner et de surprendre les gens chez lors d’un entretien chez HoopsHype :
« Nous voulons choquer les gens. Beaucoup de gens pensaient qu’on ne serait pas à la hauteur cette année et qu’on ferait du tanking. »
Il est parfaitement impliqué dans le projet.
ROY et NBA All-Rookie Team, quelle est sa place ?
Bien qu’il n’ait finalement rien d’un première année, J-Dub est bien évidemment dans la discussion pour être ROY et dans les Rookie Team. Nommé rookie du mois de novembre à l’Ouest, le joueur a dès le premier mois de la saison tapé dans l’œil des observateurs. Il n’a pas décroché ce titre une seconde fois (bravo Keegan Murray) mais il se place aujourd’hui sur le podium du rookie ladder à la 3e position, devancé par Bennedict Mathurin et Paolo Banchero.
Malheureusement, ces deux animaux semblent un cran au-dessus cette saison notamment au scoring pour espérer voir Williams soulever le Wilt Chamberlain Trophy. Le podium reste un très bel objectif.
Cependant, sa sélection dans une NBA All-Rookie Team ne fait aucun doute et la 1st Team est presque une évidence. J-Dub est grand minimum top 5 rookie cette saison, il est donc hors de question qu’il se fasse voler sa place de la 1st Team comme cela a été le cas pour Giddey l’an dernier.
Avant la draft, le jeune de Santa Clara était prévu comme un joueur de fin de 1er tour voir de 2nd tour avant de monter dans les mocks drafts et de finir par être sélectionné en 12e position par le Thunder. Une place au début considéré comme haute… et aujourd’hui comme basse lorsque l’on voit que J-Dub est top 3 Rookie Ladder et potentiel All-Rookie 1st Team. On peut remercier Sam Presti de ne pas s’être trompé et d’avoir réalisé un des steals de la dernière draft.
Le bilan de cette saison rookie jusqu’au Break de Jalen Williams est plus que positif, il dépasse même les attentes de part sa maturité pour un rookie ainsi que son apport dans tous les aspects du jeu. L’avenir semble radieux pour J-Dub, lui qui possède encore une belle marge de progression et qui semble épanoui à OKC. Le Thunder ne peut que s’estimer heureux d’avoir dans ses rangs un joueur aussi utile au plafond encore inconnu, maintenant installé comme une pièce majeure de la reconstruction. On souhaite maintenant un bon Rising Stars Challenge à J-Dub (et à Giddey) ainsi qu’une bonne fin de saison !