Les intérieurs
- Jeremy Sochan (PF/SF/C, 19 ans, 203cm, 100kg, 210cm d’envergure, Baylor Bears)

Stats 2021-22 : 30 matchs, 25.1 minutes de moyenne
9.2 points, 6.4 rebonds, 1.8 passes, 1.3 interceptions, 0.7 contres, 1.6 turnovers
47,4% au tir (3.3 FG / 7.0 FGA), 29.6% à 3pts (0.8 3P / 2.7 3PA), 58.9% aux lancers (1.8 FT / 3.0 FTA)
Jeremy Sochan est un nom qui ressort beaucoup ces derniers jours lorsque l’on cherche une actualité liée au Thunder et à la Draft. En effet, le polonais a récemment effectué un workout avec la franchise. Il n’est pas le seul bien évidement mais a été le plus vocal concernant cet entretien avec la franchise, évoquant notamment un diner avec Sam Presti et Mark Daigneault. Si on ajoute à ça les rumeurs disant qu’OKC serait intéressé à l’idée de trade-up pour lui, il n’en fallait pas plus pour voir certains prédire que l’ancien de Baylor sera ce second choix de loterie. Malgré tout, il ne faut pas s’emballer à chaque rumeur qui sort : oui un workout + un dîner, ça montre un certain intérêt de la part de la franchise, cela ne signifie pas pour autant qu’il est garanti d’être choisi par la franchise. Mais assez parlé rumeur, laissons la place au terrain pour celui qui a été élu Sixth Man du Big 12.
Si aujourd’hui Jeremy Sochan est considéré comme un pick de loterie par beaucoup, projeté top 10 dans certains big board, c’est pour une raison assez simple : sa défense. Dans une cuvée portée sur l’attaque (en tout cas pour le haut de tableau), le polonais est quant à lui très doué de l’autre côté du terrain. On peut même dire sans trop d’inquiétude qu’il fait partie des meilleurs défenseurs de cette classe 2022. Déjà : le physique. Avec ses 203 centimètres, la bonne centaine de kilo et les 2.10 d’envergure, il est l’archétype du parfait swingman, et l’un des seuls à cocher les cases taille, poids et envergure.
Voilà qui est une bonne base pour défendre. En plus de cela, on a affaire à un joueur volontaire, prêt à défendre n’importe quel type de joueur demandé sans se plaindre. Pour sa palette, il possède une excellente mobilité latérale, ce qui lui permet de tenir dans le périmètre face à tout type de joueur, du 4 jusqu’au petit 2 (comme pour Agbaji, j’attends de voir face à des 1 NBA et non NCAA pour savoir s’il peut tenir face aux PG). Il a été absolument injouable contre les isolations cette année, puisqu’il n’a concédé que 6 tirs réussi sur les 22 tentés par ses adversaires. Ses qualités défensives se font aussi ressentir lorsqu’il doit défendre le pick and roll, où il s’est souvent retrouvé en position de devoir défendre le poseur d’écran, pour ensuite switcher, ou pour venir recover. Il en va de même pour la défense en aide, où sa lecture du jeu lui permet de toujours faire le bon choix au bon moment. Le joueur n’est pas le plus actif pour ce qui est des interceptions (1.3 par match) mais cela montre aussi sa discipline, avec peu de gamble. Dans un sytème défensif de Baylor complexe (on l’avait déjà évoqué lorsque l’on a scouté Kendall Brown), Sochan a tout de suite su se montrer comme capital, et il n’y a aucun doute qu’il apportera défensivement day one en NBA.
La défense c’est bien mais quid de l’attaque ? Et bien c’est pas tout mal. Le point que je préfère chez lui, et qui pour moi renforce la comparaison avec un certain Scottie Barnes (hormis le fait que les deux sont des freshman utilisés en sortie de banc), c’est son playmaking, ou plus particulièrement son upside au playmaking. En effet, cette année il tourne à moins de 2 passes par match pour quasiment le même nombre de pertes de balle. Mais, un petit peu comme pour Ousmane Dieng, les stats sont plutôt injustes envers la création de Sochan. Là où il est meilleur actuellement, c’est en transition où il délivre des passes précises, souvent dans des situations de grab and go. Il est aussi particulièrement bon pour servir les intérieurs près du panier, et a montré par flash qu’il savait manier un pick and roll. De là à dire qu’il sera aussi bon que Barnes ne l’est, peut-être pas, mais je le vois bien en tant que second playmaker par séquence, notamment s’il évolue avec un banc.
Pour ce qui est du reste de son jeu offensif, il a de belles promesses. La plus belle étant, bien évidemment son jeu près du cercle. Avec 75% de réussite dans ce domaine, difficile de trouver plus efficace. Des cuts bien sûr, à un haut degré de réussite, mais aussi des drives, ou bien des paniers en transition. Une fois lancé, il est très difficile à arrêter, surtout qu’il sait très bien gérer son corps pour encaisser le contact. Ce n’est pas quelque chose de rare en NBA mais ça montre que le joueur ne sera pas inutile offensivement.
Mais passons au sujet qui fâche : le tir. Je fais partie de ceux qui pensent qu’il sera capable d’avoir un tir honnête (32 ou 33%) dans un futur à moyen terme, mais ce n’est pas le cas pour l’instant. Seulement 29.6% de réussite de loin sur un échantillon assez faible (moins de 3 par match) et un misérable 58.9% aux lancers. Ce n’est pas faute de créer du contact près du cercle, mais il n’est pas capable de transformer ces contacts en points. Tout ceci est peu rassurant quant à la capacité de Sochan à tirer. Malgré tout la mécanique, sans être incroyable, n’est pas cassée et les 34% de réussite de loin en catch and shoot peuvent donner espoir qu’il se cache un tir relativement fiable chez lui. C’est d’ailleurs le point sur lequel il doit travailler le plus : s’il n’est pas une menace crédible de loin, il n’aura pas les accès au cercle qu’il a eu avec Baylor. Et ne pensez pas qu’il sera un joueur capable de se créer son tir, les 29.6% de réussite en sortie de dribble prouvent le contraire.
Autre dernier bémol, cette fois-ci défensif. Avec un combo taille/poids/envergure pareil, on est en droit d’attendre de Jeremy Sochan de pouvoir jouer du poste 3 au poste 5, mais j’ai personnellement des doutes sur cette capacité à jouer en tant que pivot. La raison principale ? Il n’est pas assez dissuasif au cercle. Pas le meilleur contreur (0.7 par match), il n’a pas la verticalité nécessaire à gêner les drives adverses. Pourtant il est souvent bien placé, mais n’a pas les atouts pour altérer suffisamment. Et offensivement, il y a là aussi des inquiétudes. S’il est utilisé au poste 5, ce ne sera pas pour le faire s’éloigner à 3pts, ce sera pour utiliser ses capacités à finir au cercle. Seulement voilà, il n’a été utilisé que 25 fois en tant que roll-man, et ce manque de verticalité va encore une fois le desservir face à des vrais 5 en face. Si le contexte de Baylor lui a permis de montrer tous ses talents défensifs, il a en revanche fait qu’il n’a que peu été formé à la NBA, contrairement à d’autres programmes.
Est-ce que Jeremy Sochan sera un bon joueur en NBA ? Oui, très probablement. De par sa polyvalence défensive exceptionnelle et sa qualité à finir près du cercle, il aura de facto une belle carrière et a tout du profil du joueur très précieux en playoffs. Est-ce que j’ai envie de le voir au Thunder pour autant ? Meh. Pour cela il faut croire dans le développement de son tir extérieur, ce qui est mon cas, même si je ne le vois pas devenir plus qu’un simple tireur honnête. Subsiste aussi l’incertitude sur sa réelle capacité à jouer 5, et ce des deux côtés du terrain. Toutes ces questions ajouté à un plafond pas si élevé me pousse à préférer d’autres profils. Mais si Sam Presti le prend, je suis prêt à lui faire confiance.
Quel rôle avec le Thunder ? Pas évident de projeter son rôle s’il venait à tomber chez nous. Offensivement, je le vois exister aux côtés d’un Chet ou d’un Jabari. En revanche défensivement, avec des joueurs qui seront meilleurs en second rideau, les doutes sur sa capacité à jouer 5 m’empêche de voir une raquette Sochan/Chet ou Sochan/Jabari dominante à l’avenir. Et puis surtout, quid de Darius Bazley en cas de draft de Sochan tant les deux semblent être des variations sur le même profil.

- Tari Eason (PF, 21 ans, 203cm, 99kg, 218cm d’envergure, Louisiana State University Tigers)

Stats 2021-22 : 33 matchs, 24.4 minutes de moyenne
16.9 points, 6.6 rebonds, 1.0 passes, 1.9 interceptions, 1.1 contres, 2.2 turnovers
52.1% au tir (5.8 FG / 11.1 FGA), 35.9% à 3pts (0.8 3P / 2.4 3PA), 80.3% aux lancers (4.6 FT / 5.7 FTA)
Après avoir eu l’exceptionnel Cam Thomas dans son roster l’année dernière, LSU a dû se relever tant bien que mal de la perte du futur meilleur joueur du monde (oui, j’aime beaucoup Cam Thomas, sortez-le de cet enfer que sont les Nets), et la saison a été particulièrement compliquée pour eux : une sortie au Sweet 16, précédé du licenciement de leur coach juste avant la March Madness. Si on ajoute à ça l’année flop Shareef O’Neal, présent dans le programme depuis 2 ans après un transfuge de UCLA, il y avait pas de quoi sauter au plafond pour les fans des Tigers. Pourtant, c’est bien un autre transfuge qui est venu égayer les soirées dans la Louisiane, et titiller la curiosité des scouts NBA, j’ai nommé : Tari Eason.
Contrairement à O’Neal, on a pas affaire à quelqu’un qui avait déjà une réputation de par son nom, lui ouvrant beaucoup plus facilement les portes de pas mal de programmes. Non, Eason a dû cravacher pour se faire une place en NCAA. Recrue 3 étoiles en sortie de high school, il va dans la peu prestigieuse fac des Bearcast de Cincinnati. Après une solide année de freshman en sortie de banc (7 points et 6 rebonds, avec 1 passe, une interception et un contre), il se voit recevoir l’attention de plusieurs gros programmes, et décide finalement de passer du côté de LSU. Une encore plus belle saison en sortie de banc qui lui voudra le titre de 6th Man de la SEC et même de faire partie du meilleur 5 de cette même conférence. Belle récompense suite à un parcours qui était loin d’être écrit et qui a le mérite de montrer que le garçon en veut, et qu’il est prêt à travailler fort pour se faire sa place, d’abord en NCAA, puis ensuite dans la grande ligue.
Déjà, Tari Eason est un sacré monstre physique : 2m03, 99 kilos mais surtout 218 centimètres d’envergure et un côté athlétique que peu sont en mesure d’égaler, de quoi le faire jouer à n’importe quelle position sur le frontcourt. Et ça tombe bien, parce que défensivement le monsieur est aussi un monstre. C’est simple : il peut défendre absolument tous les postes. Tari Eason a tout du joueur à qui on donne des missions défensives, à savoir de défendre sur le meilleur attaquant. Face à des 2, des 3 ou des 4, il n’a absolument aucune difficulté à les tenir. Sur switch (ce qui reste la type de défense que l’on va lui demander de faire), il est capable de tenir de par son physique un poste 5 mais possède aussi la vitesse latérale et la recovery nécessaire pour rester devant les meneurs et tout autre joueur en 1v1. Comme d’habitude je me pose la question : sera t-il en mesure de tenir face à des Curry ou des Trae ? Peut-être pas, mais il tiendra parfaitement le meneur average adverse.
Il est donc capable de tenir sur des switch, mais que donne t-il sur pick and roll lorsqu’il doit suivre l’intérieur adverse ? Là aussi, aucun problème pour lui. Il a la puissance du bas du corps suffisante pour tenir au poste et a les mains particulièrement actives pour éviter à l’attaquant de se mettre dans sa zone de confort. C’est d’ailleurs ça qui m’impressionne le plus chez lui : son moteur. Il est partout, tout le temps en défense : à tenir en switch, à venir couper les lignes de passe, à poser un gros contre, à piquer un ballon dans les mains de l’attaquant lorsqu’il vient en aide. D’ailleurs les stats vont dans ce sens : avec quasi 2 interceptions et plus d’un contre par match, il est présent dans tous les domaines du jeu. Autre point immensément positif, et qui colle bien avec son parcours : le jeu est prêt à tout pour récupérer la balle, quitte à se jeter tête la première. Et comme en plus de cela il a montré qu’il était capable de grosses actions défensives à des moments importants, le profil défensif a tout pour plaire.
Cependant, deux points négatifs défensifs : le joueur en veut parfois trop qu’il commet des erreurs. J’en parlais avec Agbaji mais parfois la bonne action c’est de ne pas tenter l’interception, mais de simplement bien se placer pour gêner l’attaquant adverse. Autre problème, plus inquiétant : le joueur commet trop de fautes. Là aussi, ça vient de son envie de bien faire, mais il est parfois un peu trop fou. Avec quasi 3 fautes en moins de 25 minutes de jeu, il va devoir apprendre à se contenir sous peine d’être puni par des joueurs expérimentés en NBA. Et un dernier défaut lié au contexte : LSU a fait beaucoup de presse tout-terrain collective, chose qu’on ne voit jamais en NBA. Malgré tout, ces défauts ne sont pas rédhibitoires et peuvent être gommés avec le temps et dans une bonne franchise.
Mais assez parlé défense, évoquons l’autre côté du terrain : que donne Tari Eason en attaque ? Et bien comme vous pouvez vous en douter, le garçon est absolument inarretâble en transition, ces dernières partant d’ailleurs souvent de ces bonnes défenses. Là aussi son moteur fait qu’il est souvent le premier sur les contre-attaques et qu’il est difficile de stopper un joueur ultra-athlétique de plus de 2 mètres et 100 kilos. Je pense d’ailleurs qu’il risque de mettre quelques joueurs sur un poster, parce qu’il est assez violent sur les dunks. Il est d’ailleurs assez intéressant de voir qu’en terme d’efficacité sur contre-attaque il est au niveau des Chet et meilleur que Jabari ou Paolo.
C’est d’ailleurs près du cercle qu’il est le plus à l’aise, avec notamment un taux de réussite près de cercle de 64.3%, pour seulement 44.5% de paniers assistés. Autrement dit : Tari Eason va au panier tout seul, ce qui est assez rare pour le souligner. Son corps l’aide, encore et toujours, mais il possède un handle correct qui lui permet d’aller au drive. En plus de ça, il a évolué sur quelques séquences en tant que pivot de short-roll, et il a montré qu’il était tout à faire capable de remplir ce rôle, important pour une future utilisation en 5, d’autant plus qu’il a une grosse présence au rebond, notamment offensif (plus de 2 prises par match). Et quand il ne termine pas, il provoque un nombre hallucinant de lancers (51.5 de Free Throw Rate, soit un lancer tenté pour 2 tirs pris) et sanctionne à plus de 80%.
Ce qui nous amène à la question centrale : Tari Eason est-il un shooter derrière l’arc ? Si on consulte purement les pourcentages (35.9%) et que l’on ajoute à celui que je viens d’évoquer aux lancers, on a envie de dire oui. Malgré tout, il faut pondérer ces propos : déjà l’échantillon est assez faible (moins de 2.5 tentatives par match) et les splits montrent surtout un joueur qui a pris un gros coup de chaud en février (50%) et qui n’a tourné qu’à 31% sur le restant de l’année. D’autant plus que la mécanique est loin d’être irréprochable, notamment son follow-through que je trouve étrange et qui me fait penser que nombre de ses tirs manqués seront trop courts. Pourtant, si on enlève le 3/17 en pull-up, on obtient un joueur qui tourne à 38.6% en C&S. Personnellement, je pense que le tir d’Eason sera bien là en NBA. A quel pourcentage ? S’il est à 35 ou 36% à terme, il peut devenir difficile à défendre.
Dernier défaut : il perd trop de ballons et commet là aussi trop d’erreurs évitables en attaque. J’ai dit que son handle était correct, mais il va devoir grandement progresser sur sa main gauche. Il y a des petits flashs à la passe, mais il devra surtout travailler à réduire les 2.2 TO qu’il avait à LSU cette année. Plus curieux aussi, les 55% de réussite près du cercle sur demi-terrain, alors que pourtant les lancers et le tir extérieur font penser que le joueur a du toucher. La faute à quelque drives forcés, point sur lequel il devra là encore, travailler.
J’étais plutôt dans le camp des sceptiques concernant Tari Eason avant de faire ce scouting report, et à présent je fais partie du camp des convaincus. Ce que j’ai vu défensivement me plaît énormément dans la NBA de 2022, et j’ai envie de lui faire confiance sur le tir, parce que le pourcentage aux lancers avec un très gros échantillon me rassure. Par contre, comme beaucoup d’observateurs l’ont dit avant moi, il va devoir tomber au bon endroit pour apprendre à canaliser cet trop plein d’énergie qu’il a parfois, d’autant plus que son âge (21 ans) aurait déjà dû l’assagir un peu. De quoi séduire Presti s’il reste en 12 ? Pourquoi pas, d’autant plus que le joueur a effectué un workout avec la franchise et que l’environnement de l’Oklahoma pourrait être propice à son plein développement.
Quel rôle avec le Thunder ? Comme pour Sochan, difficile de ne pas voir un embouteillage avec Darius Bazley. Les joueurs semblent d’ailleurs avoir quelques similitudes, notamment sur le côté un peu fou et naïf que pouvait avoir Bazley en tout début de carrière. Même si défensivement, Eason collerait bien avec un Jabari et surtout avec un Chet. Offensivement, si le tir se développe, il n’y aura pas de problème et sera un partenaire privilégié de Giddey sur pick and roll.

- Jalen Duren (C, 18 ans, 211cm, 113kg, 227cm d’envergure, Memphis Tigers)

Stats 2021-22 : 29 matchs, 25.3 minutes de moyenne
12.0 points, 8.1 rebonds, 1.3 passes, 0.8 interceptions, 2.1 contres, 2.2 turnovers
59.7% au tir (4.9 FG / 8.1 FGA), 62.5% aux lancers (2.2 FT / 3.6 FTA)
On se penche maintenant sur un des plus jeunes candidats à la draft en la personne de Jalen Duren. Ayant effectué son cursus lycéen dans la prestigieuse high school de Montverde (d’où viennent Cade Cunningham, Scottie Barnes, Moses Moody et Day’Ron Sharpe pour ne citer que les rookies de la cuvée de l’an dernier), Duren a choisi de représenter les couleurs des Memphis Tigers après avoir été reclassé, lui qui était censé être un prospect de la draft 2023. Son but : faire monter sa côte en vue de la draft 2022 comme les Tigers savent bien le faire avec les pivots (Wiseman et Achiuwa en 2020), et ce malgré le développement en cours du projet Emoni Bates sur 2 ans.
Pour ce faire, Duren peut compter sur son physique impressionnant, surtout pour un gars de seulement 18 ans. Il est grand, costaud, très long et dégage une puissance assez dingue. Il est largement NBA ready athlétiquement et nous ne sommes étrangement pas surpris de savoir qu’il a outrageusement dominé chez les jeunes. C’est le cas aussi en NCAA et cette supériorité athlétique semble transposable dans la grande ligue dès sa saison rookie, même s’il aura bien plus de monstres physiques en face de lui. En plus, il fait preuve d’une belle mobilité pour sa taille qui rend son profil encore plus viable dans la NBA moderne.
Cela se transpose tout d’abord défensivement. Dans la raquette, il fait un carnage et protège son cercle avec brio. Il est un gros contreur, fait de bonnes rotations défensives et est globalement très dissuasif en second rideau, en restant bien vertical pour contester les attaques adverses avec ses bras immenses. Mais même à plus de 3m de son cercle, Duren a un impact. Même si sa polyvalence défensive reste forcément limitée par son gabarit, il est capable de switcher pour contester le porteur de balle sur pick & roll ainsi que de bien orienter l’extérieur adverse. Si son rôle de prédilection est celui de protecteur de cercle, il peut s’écarter au large défensivement tout en représentant une mismatch pas si évidente à négocier pour les adversaires.
Duren profite aussi de ses attributs physiques pour apporter un plus non négligeable au rebond. Là aussi il domine, notamment en étant très agressif au rebond offensif (3 prises par match) pour se donner des secondes chances. Cependant, il joue un peu trop sur son physique et a tendance à se relâcher au box-out, un manque d’efforts qui ne pardonnera pas face à des intérieurs NBA.
Offensivement, Jalen Duren fait ce qu’on attend d’un joueur de son profil en NBA. C’est un rim-runner efficace, qui se sert bien de sa mobilité pour apporter sur du jeu en transition. De plus, il roule bien vers le cercle sur pick & roll malgré le fait que Memphis joue sans vrai meneur, ce qui n’est pas pratique pour un pivot comme lui, et se donne des paniers simples en se battant au rebond offensif et en résistant bien au contact. Il est aussi efficace dans le dunker spot et excelle grâce à sa longueur et son incroyable hang time (i.e. le temps passé en l’air) dans un rôle de lob catcher.
Malgré le fait qu’il possède des qualités essentielles pour un poste 5 moderne en NBA, il manque clairement de fondamentaux. On parlait plus tôt de sa relative fainéantise au box-out, on voit nettement qu’il a toujours été habitué à dominer grâce à son physique et qu’il a besoin de s’adapter en étant plus consistant sur certains points. Déjà, le plus important, il doit apprendre à poser de vrais écrans. Avec son physique, c’est un point fondamental qui lui permettra de faire de vraies différences sur les nombreuses séquences de pick & roll qu’il aura à négocier. Ensuite, il doit arrêter de constamment redescendre le ballon après l’avoir attrapé et se servir de sa taille + longueur pour garder la balle en l’air, afin d’éviter des pertes de balle trop nombreuses cette saison. Enfin, il doit gagner en régularité au cours d’un match et mieux comprendre le jeu, lui qui semble parfois perdu sur certaines actions et fait des erreurs évitables. Rien de rédhibitoire évidemment car Duren n’a que 18 ans, mais ce sont des points sur lesquels il va devoir travailler pour s’affirmer comme un pivot titulaire en NBA.
Son jeune âge présage aussi beaucoup de possibilités de développement pour lui afin de devenir un joueur de plus en plus complet et valuable. On peut d’abord penser au développement de son jeu au poste. En effet, il a un footwork très limité actuellement, ne sera sûrement jamais élite dans ce domaine à cause de son mauvais dribble, mais montre du toucher sur ses hooks et finitions à 1-2m du cercle. En améliorant son jeu de jambes et ses prises de position, Duren a de quoi devenir tout à fait honnête dans son jeu dos au panier. Il montre aussi de potentiels progrès au tir qui pourraient étendre son éventail offensif à terme. Son mi-distance est prometteur, la mécanique est correcte et vu son toucher, il pourrait développer un tir à 3-4m du cercle, tout en améliorant sa réussite aux lancers jusque là très moyenne (62.5%). On ne parle pas d’en faire un shooteur à 3pts, il ne faut pas abuser, mais écarter en tête de raquette suffirait pour causer de sacrés maux de tête aux défenses adverses. Enfin, Duren a une bonne vision de jeu qui peut laisser présager une évolution en tant que fluidificateur de jeu collectif à la Robert Williams. Il sait faire des passes simples sur du short roll ou du hand-off, repère son coéquipier ouvert, mais doit travailler sa qualité de passe pour pouvoir contribuer dans ce domaine.
Jalen Duren est projeté lottery voire top 10 dans la plupart des mocks draft. Son jeune âge ainsi que son physique monstrueux en font un prospect attrayant, qui semble montrer un potentiel de joueur dominant dans la raquette même en NBA. Son plancher est déjà intéressant, Duren sera au pire un bon pivot NBA et fera une carrière honnête, mais toute la question est de savoir à quel point il saura dominer avec ses forces et progresser sur ses faiblesses pour prendre une toute autre dimension, car le potentiel de domination intérieure est là.
Quel rôle avec le Thunder ?
Son profil correspond à un clair besoin de protection de cercle à OKC. Dès son arrivée, Duren augmenterait le niveau d’une défense déjà prometteuse, et pourrait dans le même temps apporter dans un rôle simple de pivot vertical en attaque (+ être l’intérieur costaud qui permet à Chet ou Jabari de ne pas se coltiner le pivot physique en match-up directe). Contrairement aux pivots type Claxton, Noel, Robinson qui sont bons mais limités dans leur impact, Duren semble avoir un potentiel assez haut, qui me fait dire que sa place dans le top 10 de la draft ne serait pas volée. S’il y a la possibilité de le sélectionner avec le pick 12, il faut foncer.

- Mark Williams (C, 20 ans, 218cm, 110kgs, 230cm d’envergure, Duke Blue Devils)

Stats 2021-22 : 39 matchs, 23.6 minutes de moyenne
11.2 points, 7.4 rebonds, 0.9 passes, 0.5 interceptions, 2.8 contres, 0.9 turnovers
72.1% au tir (4.9 FG / 6.8 FGA), 72.7% aux lancers (1.4 FT / 2.0 FTA)
Finissons cet article démesurément long avec Mark Williams, pivot de 20 ans qui fait partie des 5 joueurs de Duke se présentant à la prochaine draft. Après avoir fini son cursus lycéen à l’IMG Academy (dont vient Anfernee Simons notamment), Williams a vécu une année freshman 2020-21 en deux temps. D’abord remplaçant, il a ensuite profité du départ en cours de saison de Jalen Johnson pour glaner une place de titulaire et se montrer. 23 matchs disputés au final, pour 15 titularisations, ce n’était pas assez pour Mark qui a décidé de rempiler pour une seconde année, cette fois-ci pour disputer une campagne complète dans le starting five d’une des meilleures facs du pays. Bien lui en a pris, car le sophomore est passé de 15 à 24 minutes de moyenne, a joué 39 matchs et a fait gonfler toutes ses stats.
Ce qui choque directement lorsqu’on voit le joueur, c’est à quel point il bouge bien sur le terrain malgré son physique. Il est immense (2m18) et tentaculaire (2m30 d’envergure, quasiment le record du Combine), mais est tout de même capable de suivre des séquences de jeu à un rythme élevé. Son combo taille – mobilité le rend très utile sur phase de transition, durant lesquelles il fait parler ses compétences de rim-runner pour obtenir des points faciles. Il est aussi à l’aise pour finir dans le dunker spot, en se plaçant pour récupérer des lobs et finir agressivement au cercle, qualité primordiale pour que ce type de joueur puisse exister offensivement en NBA.
On peut mentionner quelques prémices intéressantes de footwork près du panier, avec quelques hooks et globalement un toucher pas mauvais. Pas de quoi sauter au plafond, mais si Williams peut développer une autre arme que le dunk à outrance, cela ne peut que lui rendre service.
Certes, Williams ne se rend utile ni à la passe (malgré peu de déchet dans le domaine), ni au tir, que ce soit derrière l’arc ou même à 3-4m du cercle. Mais ce n’est pas son registre de jeu, ce qui ne pose pas de problème car la franchise qui le sélectionnera ne lui demandera pas ça.
Son rôle offensif est très simple à définir et Williams doit surtout progresser sur des points précis pour devenir plus efficace dans son registre de ce côté du terrain. En effet, il provoque peu de lancers (seulement 2 par rencontre), malgré une amélioration de sa réussite dans le domaine (il est passé de 54% à 73% entre son année freshman et sophomore). Pour devenir un pivot qui compte en attaque en NBA, Williams doit être plus agressif, surtout que le jeu en vaudra la chandelle si sa progression sur la ligne se confirme. Dans cette lignée, il doit aussi apprendre à poser des écrans, sûrement son gros point faible actuellement. Pourtant, il roule bien au cercle sur pick & roll, preuve du danger qu’il est capable d’apporter sur ces séquences de jeu. Mais il manque clairement de dureté et doit beaucoup mieux se servir de sa supériorité physique pour créer des différences.
De l’autre côté du terrain, Mark Williams apporte bien plus de certitudes. Il est un excellent protecteur de cercle, qui dissuade les guards adverses de driver et terrorise les joueurs qui osent s’en prendre à son cercle. Quasiment 3 contres de moyenne sur toute la saison, c’est énorme et cette qualité se retranscrira sans aucun doute en NBA, au vu de sa longueur de bras terrifiante. En associant son envergure avec sa mobilité, il devient très efficace en défense du pick & roll en utilisant le drop coverage (défendre sous l’écran pour privilégier la protection du cercle), mais est aussi capable de switcher sur les extérieurs si la situation le nécessite. Williams reste évidemment limité en termes de polyvalence défensive mais se débrouille plutôt bien au vu de son gabarit et arrive à ne pas être une mismatch évidente lorsqu’il s’éloigne du cercle. On peut aussi ajouter à ses qualités physiques son hustle défensif, lui qui n’hésite pas à faire l’effort de close-out lorsque l’adversaire a créé un décalage, mais aussi sa patience. Il tient bien les pivots adverses au poste, saute rarement dans les feintes et fait donc peu de fautes, une qualité vraiment intéressante pour un joueur de seulement 20 ans.
Enfin, Mark Williams est aussi un gros rebondeur (17.5% de rebonds pris lorsqu’il est sur le parquet, c’est beaucoup), notamment très présent au rebond offensif (2.6 prises par match) pour redonner des secondes chances à son équipe, voire scorer lui-même. Il est adroit de ses mains et laisse passer peu d’occasions d’affirmer sa domination dans la raquette, même s’il met parfois trop d’engagement. Il a tendance à trop insister lorsqu’il est battu sur le box-out, ce qui donne des fautes offensives évitables. Savoir reconnaître les situations dans lesquelles il peut batailler ou non, c’est un point à travailler pour Williams s’il veut éviter de se retrouver en foul trouble inutilement.
Tout l’enjeu pour Mark Williams est de comprendre son rôle et d’y être le plus efficient possible pour faire une longue carrière en NBA. Son profil est recherché par toutes les équipes et Williams peut prendre exemple sur des joueurs actuellement dans la grande ligue ayant des qualités similaires (Capela, Robinson, Allen, Jordan, Claxton, …), tout en évitant de devenir le prochain Willie Cauley-Stein. Actuellement, pas mal de mocks le considèrent comme un candidat crédible à la lottery, ce que je trouve un peu excessif. Il mérite sa sélection au 1er tour, mais je le verrais plutôt drafté autour de la 20ème place.
Quel rôle avec le Thunder ?
Il pourrait avoir ce rôle de pivot protecteur de cercle / poseur d’écran qui roule au cercle que le Thunder n’a pas actuellement et qui ferait du bien à notre défense et à nos porteurs de balle en attaque. Cependant, je serais plus tenté de privilégier d’autres options avec le pick 12, surtout en sachant que le Thunder aura encore la possibilité de récupérer un prospect d’un registre similaire avec les picks 30 & 34 (Koloko, Kamagate, …).

Voilà tout ce que vous deviez savoir sur les potentielles cibles pour le Thunder avec ce second pick de loterie. Ici, on fait plutôt confiance en la capacité de Presti à faire le bon choix. En attendant de voir ça dans moins de 2 semaines, on vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour le scouting sur le pick 2, avec beaucoup moins de profils, heureusement pour notre sommeil. A la semaine prochaine !