Les cibles potentielles
Les guards
- TyTy Washington (PG, 20 ans, 192cm, 89kg, 203cm d’envergure, Kentucky Wildcats)

Stats 2021-22 : 31 matchs, 29.2 minutes de moyenne
12.5 points, 3.5 rebonds, 3.9 passes, 1.3 interceptions, 0.2 contres, 1.6 turnovers
45,1% au tir (4.9 FG / 10.9 FGA), 35.0% à 3pts (1.2 3P / 3.3 3PA), 75.0% aux lancers (1.5 FT / 2.1 FTA)
Chaque année c’est la même pour Kentucky : de très gros noms pour le recrutement, en vue d’aller enfin redorer son blason au mois de mars. Puis une fois la saison débutée une attaque affreuse, emmené par un coach dont on se demande ce qu’il fait encore en NCAA hormis de par son statut, et une nouvelle désillusion à la Madness. Mais il y’a aussi un domaine dans lequel s’illustre particulièrement le programme ces dernières années : les guards mal exploités qui percent en NBA. De Devin Booker à Tyler Herro, en passant par Jamal Murray, Tyrese Maxey et Shai Gilgeous-Alexander, l’affreux Calipari en aura vu passer du talent NBA, pour systématiquement mal les exploiter, ce qui a fait chuter leur côte et ravi plus d’une franchise de la grande ligue, qui récupère quasi systématiquement un joueur calibre all-star voire MVP. Cette année, la nouvelle pépite s’appelle Tyrone Washington, dit TyTy. Alors, est-ce que le syndrome Kentucky a t-il encore frappé ?
Première chose à savoir concernant la saison de TyTy, peut-être la plus importante : le contexte. Au départ, Washington s’était engagé avec les Blue Jay de Creighton. Mais le coach du programme, Greg McDermott, n’a rien trouvé de mieux que de d’employer le terme »plantation » pour essayer de remotiver ses troupes. Des propos qui ont bien évidemment fait polémique et qui ont mené à la suspension du coach, mais aussi au retrait de TyTy Washington. C’est finalement Kentucky qui va le récupérer après une lutte face à pas mal de concurrents. Une fois arrivé là-bas, TyTy se retrouve dans un effectif plutôt expérimenté, et surtout associé à Sahvir Wheeler. Le guard, transfuge de Georgia, était le principal créateur en attaque (tournant à quasi 7 passes par match) et Washington s’est retrouvé décalé au poste 2, en tant que second playmaker. Un rôle qui pourra lui servir en NBA mais qui encore une fois montre que Kentucky ne sait pas exploiter correctement ses gros talents.
Pourtant, le premier point fort de TyTy réside bien dans sa capacité de création pour les autres. Malgré ce rôle de second playmaker, le meneur a bouclé la saison à 3.9 passes décisives par match, performance très honorable quand on prend en compte la moyenne très élevée de Wheeler. Dans une cuvée avec pratiquement que des passeurs fonctionnels, il est agréable de voir un meneur capable de faire un peu plus que de savoir faire l’extra-pass. Autre point fort : le joueur perd peu de ballons (seulement 1.6 par match), ce qui fait de lui un meneur plutôt fiable et propre.
Si on entre un peu plus dans le détail du jeu de TyTy en tant que playmaker, que voit-on ? Qu’il est déjà très fort dans tout ce qui est gestion du pick and roll. Et ça tombe bien : il y a une action sur 2 en NBA qui débute par un pick and roll. Cependant, ce point reste à relativiser : les pick and roll de Kentucky étaient exécutés de manière légèrement différente de ceux que l’on voit en NBA, et finalement ce n’est pas le pivot qui vient rouler qu’il a le plus servi, mais bien le coéquipier ouvert dans le corner. Il est d’ailleurs excellent dans ce domaine, avec une très bonne vision qui lui permet tout de suite de voir quelle est la bonne passe à faire. C’est d’ailleurs un point intéressant que je vais suivre quand il débarquera en NBA : avec quel intérieur il évoluera ? Si cet intérieur est capable de tirer, attention aux situations de pick and pop, qui peuvent vite faire des dégâts.
Pour ce qui est du pick and roll, TyTy est là aussi excellent. Il suffit de voir son match contre Georgia où il a totalement détruit la défense de ces derniers en donnant très vite la balle au pivot qui roulait. Cependant, il faut aussi souligner que son compagnon de P’n’R était Oscar Tshiebewe, pivot congolais ultra-dominant physiquement, transfuge de West Virginia. Avec un intérieur tournant en 17/15 et qui sait rouler, il est plus facile de montrer ses talents à la création que dans certaines autres facs. Malgré tout, je suis absolument convaincu que le talent de TyTy sur pick and roll se transposera day one en NBA tellement il est précis dans ses passes, tellement sa vision est bonne. Même en transition, il commet peu d’erreurs et agi de façon rapide et précise. Un PG de 20 ans qui sait déjà utiliser le pick and roll avec autant de facilité, c’est une qualité qui sera très appréciée dans beaucoup de franchises.
Son deuxième point est sans aucun doute son jeu à mi-distance, que l’on peut mettre en lien avec son toucher. L’année dernière j’avais eu l’occasion de scouter Tre Mann, découvrant un joueur très doué pour tout ce qui est floater et runner, chose que Tre Mann n’a que trop peu utilisé durant sa saison rookie. Quel ne fut pas mon plaisir de voir que Washington est aussi voire encore plus amoureux du floater. Avec ses 57% de réussite (27/47) dans ce domaine, on peut même dire qu’il est élite, et probablement le meilleur de la cuvée. Face à une défense NBA en drop, il va avoir les espaces pour pouvoir utiliser cette arme, que ce soit appel un pied ou appel deux pieds, en allant sur sa gauche ou sa droite. Il a d’ailleurs tout intérêt à continuer à en prendre autant une fois arrivé dans la grande ligue, car son profil physique ne lui permettra pas de résister aux gros contacts. Avec seulement 57 tirs près du cercle tentés, il a d’ailleurs été peu prolifique dans ce domaine, point qui peut soulever quelques interrogations.
Pour ce qui est de son jump-shot à mi-distance, c’est là aussi très satisfaisant. Avec 46.3% de réussite dans ce domaine, pour moins de 20% de paniers assistés, on est en face d’un joueur techniquement parfait : excellent toucher là encore, très bon dans la décélération pour ensuite tirer, il est dangereux dans toutes les situations : pick and roll, en partant sur sa gauche, en partant sur son droite, lorsqu’on vient le défendre depuis la ligne à 3pts, bref il ne faut pas laisser TyTy prendre un mid-range, sous peine de souvent encaisser deux points.
Pour ce qui est du tir à 3 points, le joueur n’est pas aussi bon qu’il ne l’est à mi-distance. Avec 35% de réussite et un peu plus de 3 tentatives, il n’est pas le joueur le plus prolifique et efficace que vous pourrez lire dans cet article. Les splits montrent un joueur qui a débuté fort, avec plus de 40% de réussite pour novembre et décembre, avant de s’effondrer sur la fin de saison, ne tournant qu’à 29.8% sur le restant de l’année. Cette stat reste cependant à relativiser, notamment de par les 35% de réussite en catch and shoot, et aussi de par la blessure à la jambe qu’il a subi en février, et qui lui a fait quelque peu perdre le rythme et la précision. Le tir est fluide quoiqu’un peu lent, mais il ne faut pas le laisser ouvert, sous peine là aussi d’être sanctionné. Cependant, pourra t-il sanctionner autrement qu’en catch and shoot ? J’ai du mal à le croire, le joueur manquant cruellement de capacité de séparation.
Car il est bien là le problème de TyTy : son physique. Pourtant, avec son mètre quatre-vingt douze, il ne souffre pas d’un déficit de taille, mais tout chez lui athlétiquement paraît lower-average. S’il n’a pas été souvent près du cercle, c’est parce qu’il n’arrive pas à passer son défenseur. Il va alors abuser du floater, même lorsque ce choix n’est pas le bon. Et défensivement, j’ai beaucoup d’inquiétudes. En effet, le joueur n’a pas la vitesse latérale pour tenir face à des 1 NBA-level. Il suffit de voir à quel point il a souffert face à Kennedy Chandler pour s’en rendre compte. En plus de cela, il a du mal pour ce qui est de la défense off-ball, notamment la prise d’écran. Défensivement, il va devoir absolument trouver un moyen d’être moins négatif qu’il n’est actuellement, sous peine de perdre énormément de temps de jeu.
Un meneur créateur élite dans le gestion du pick and roll, élite pour ce qui est du floater et du mid-range, avec un upside possible en catch and shoot mais avec un physique assez désavantageux qui le dessert pour attaquer le cercle et en défense, est-ce que ça vaut un pick de loterie ? Pour moi oui : le profil est trop valuable dans une NBA qui sur-abuse du P’n’R. Reste le point qui peut faire basculer sa carrière dans un sens comme dans un autre : pourra t-il être autre chose qu’un malus en défense ? Je n’ai pas la réponse à cette question, mais je lui souhaite.
Quel rôle avec le Thunder ? Dur à dire. On le sait, Sam Presti ne se soucie pas trop de l’effectif déjà en place et drafte au talent, pour preuve : la Draft de Josh Giddey et Tre Mann qui a propulsé Maledon au rayon mauvaise foi de First Team et autres médias franco-français. Je pense qu’un duo Washington-Mann pourrait être plutôt complémentaire en attaque, notamment parce que Mann crée finalement peu pour les autres. Cependant, défensivement je doute qu’il pourra être aussi bon que Tre. Et même s’il a effectué un workout avec OKC, je doute le voir débarquer dans l’Oklahoma le 23 juin prochain.

- Johnny Davis (SG/SF, 20 ans, 197cm, 89kg, 204cm d’envergure, Wisconsin Bagders)

Stats 2021-22 : 31 matchs, 34.2 minutes de moyenne
19.7 points, 8.2 rebonds, 2.1 passes, 1.2 interceptions, 0.7 contres, 2.3 turnovers
42.7% au tir (5.6 FG / 12.0 FGA), 30.6% à 3pts (1.2 3P / 3.9 3PA), 79.1% aux lancers (5.0 FT / 6.3 FTA)
Après avoir parlé d’un pur meneur, il est maintenant temps de parler d’un profil totalement différent : Johnny Davis. Joueur dont la côte est beaucoup montée ces dernières semaines, notamment grâce à une envie sur le terrain qui a séduit énormément de monde et qui pourrait très certainement séduire beaucoup de franchises pour cette draft. Car oui, son envie sur le terrain est loin d’être sa seule qualité.
Commençons d’abord avec un peu de contexte. Jonathan Davis (ou Johnny c’est comme vous préférez) n’était qu’un joueur de sortie de banc l’année dernière et peu de personnes voyaient en lui un joueur quasi lock top 10 pour cette draft 2022. En effet, il est passé d’un joueur avec un rôle de second unit à leader de son équipe d’une saison à l’autre et a tout détruit sur son passage pour réaliser une saison fantastique et s’assurer une place dans les premiers choix.
Beaucoup de choses sautent aux yeux quand on regarde Johnny Davis jouer mais commençons d’abord par parler de ses qualités offensives. C’est un énorme scoreur. Une arme déjà élite à mi-distance, et très certainement le meilleur de sa cuvée dans cette zone, en plus d’être un excellent slasher qui sait finir au contact et même face à des gros pivots en les bumpant avant de finir au cercle grâce à son contrôle du corps dans les airs intéressant. En plus de pouvoir finir au contact après avoir slashé, il est aussi parfaitement capable de conclure avec sa main forte (la main droite) mais aussi de finir de manière plutôt naturelle avec sa main faible (la gauche du coup si vous avez bien suivi). Il est assez athlétique pour finir au-dessus du cercle et poser quelques posters, sans être un athlète hors-norme comme peuvent l’être d’autres joueurs de la liste, ce qui rajoute tout de même une difficulté supplémentaire pour les défenseurs qui vont le voir arriver lancé à toute vitesse.
Pour revenir sur son jeu en dehors de la peinture, c’est un joueur d’ISO très complet qui sait utiliser sa force pour prendre l’avantage face à des joueurs plus petits en jouant le post-up mais qui a aussi montré qu’il savait créer son shoot et créer de l’espace sur des changements de rythme et de direction, il a d’ailleurs montré quelques flashs sur step-back même s’il manque encore beaucoup de régularité sur ce geste. En plus de ça, il a aussi eu l’occasion de se montrer sur des séquences de pick n’ roll, où il sait être patient pour faire les bons choix et utiliser sa capacité à pull-up à mi-distance en sortie de pick n’ roll pour attirer les défenseurs sur lui et distribuer la balle. Il peut devenir redoutable sur ce secteur du jeu s’il parvient à maîtriser ce genre de situation aussi bien que le collègue de Kentucky dont on a parlé juste avant.
Parlons maintenant défense. Oui, Johnny Davis fait partie de ces joueurs qui se donnent des deux côtés du terrain et qui peuvent impacter le jeu malgré une mauvaise soirée au tir. Vous pouvez cocher la fameuse case two-way player pour Davis, le genre de profil très recherché en NBA. C’est un excellent défenseur extérieur, qui sait utiliser son corps pour se mettre en opposition et qui met surtout énormément d’énergie quand il défend. Il est très réactif et ne lâche jamais rien même s’il est passé par son joueur, fait souvent les efforts pour passer au dessus de l’écran et suivre son joueur. Il a le physique pour devenir un excellent défenseur, sa longueur et sa force lui permettent de contester beaucoup de tirs et de couper les lignes de passe avec le bon timing. Il exploite aussi parfaitement sa longueur pour venir contester un tir d’un gros shooter en sortie d’écran. Lorsque l’on parle d’envie, cela ne se voit pas qu’en défense où il saute sur tous les ballons et défend dur sur l’homme, il est aussi un rebondeur formidable qui se bat pour chaque tir raté et qui se donne à 200% sur le terrain.
Malheureusement, tout n’est pas tout beau chez Davis, et c’est bien normal. Il manque globalement de vitesse et cela pourrait beaucoup le pénaliser à son arrivée en NBA. En défense, il a tendance à se faire passer en vitesse par son joueur et notamment sur les closeouts où il est rapidement dépassé, des joueurs rapides et déjà lancés vont le passer sans trop de difficulté. De l’autre côté du terrain, cela donne lieu à des situations où il ne parvient pas à faire la différence avec sa vitesse et doit souvent utiliser son pull-up à mi-distance ou tenter un step-back (qu’il ne maîtrise pas encore bien) pour prendre un tir contesté. Il a beaucoup de mal avec les très bons défenseurs qui le font travailler car il manque de vitesse et son handle ne lui permet pas non plus de créer de l’espace. Il dépend énormément de son impact physique en attaque et peine à faire des différences sans son bump près du cercle notamment. Pour finir, il manque (comme beaucoup) de régularité au tir et a terminé la saison avec un taux de réussite au tir extérieur très faible. Cet aspect du jeu sera un facteur important de sa réussite en NBA et pourrait le faire passer à un tout autre niveau. Pour tenter d’expliquer cela, sa blessure à la cheville peut avoir joué un grand rôle dans son manque d’adresse de fin de saison, impactant sa capacité à faire des différences sur des changements de rythme et donc à prendre des tirs plus compliqués.
Quel rôle avec le Thunder ?
Bref, vous l’aurez compris, Johnny Davis est un joueur très intéressant et qui correspond parfaitement à la philosophie du Thunder. Il doit encore progresser et gagner en régularité sur son tir à 3pts mais peut déjà être capable d’apporter en sortie de banc avec son C&S qui a du potentiel et un rôle off-ball où il est plutôt bon, notamment sur cut et sur des tirs dans le corner. Côté défense, beaucoup moins de doute sur le fait que son impact défensif se transcrive en NBA et qu’il puisse apporter de ce côté du terrain dès le premier jour. Il peut devenir le joueur préféré de la fanbase du Thunder.

- Malaki Branham (SG/SF, 19 ans, 197cm, 88kgs, 208cm d’envergure, Ohio State Buckeyes)

Stats 2021-22 : 32 matchs, 29.6 minutes de moyenne
13.7 points, 3.6 rebonds, 2.0 passes, 0.7 interceptions, 0.3 contres, 1.7 turnovers
49.8% au tir (5.0 FG / 10.0 FGA), 41.6% à 3pts (1.2 3P / 2.8 3PA), 83.3% aux lancers (2.5 FT / 3.0 FTA)
Après avoir traité du cas d’E.J. Liddell lors de l’article précédent, on va parler d’un autre joueur des Ohio State Buckeyes : Malaki Branham. Pourtant pas le plus côté des freshman en entame de saison universitaire, il a progressé à vitesse grand V tout au long de la campagne 2021-22 et s’est affirmé comme un des meilleurs 1ère année de NCAA.
Pourtant, lorsqu’on voit le joueur sur le parquet, on remarque tout de suite son manque de qualités athlétiques. Un peu lent, peu explosif, Branham éprouve des difficultés à créer de la séparation comme sont capables de le faire ses concurrents de la cuvée à son poste. Mais il n’a même pas besoin de ça pour être un scoreur complet.
Branham est un crafty player, c’est-à-dire qu’il est capable de se créer son tir malgré l’absence d’un premier pas explosif de par sa palette technique et son sens du scoring. Il maîtrise une variété impressionnante de moves pour un joueur de son âge (fakes, spin-move, turnaround, floater) et est globalement létal sur son pull-up à mi-distance, une qualité rare et souvent associée aux franchises players. Il est aussi un bon scoreur sur pick & roll grâce à de bonnes lectures et une facilité à accéder au cercle. Branham monte haut, a beaucoup de toucher et résiste très bien au contact.
Il a tout de même quelques points à améliorer sur son jeu balle en main. Déjà, il perd des ballons bêtement à cause d’un handle qui, s’il est bon, manque de régularité. Rien d’inquiétant au vu des bases qu’il possède, mais il devra progresser sur ce point, notamment sur son jeu de passe. Il semble avoir des œillères par moments et ne repère pas encore bien ses coéquipiers ouverts, malgré le fait qu’il sache faire des passes simples. Aussi, Branham se retrouve souvent en difficulté lorsque les adversaires passent sous l’écran sur pick & roll. Il a beaucoup moins d’espaces pour aller au cercle ou déclencher à mi-distance, et son pull-up n’est pour l’instant pas dingue derrière la ligne à 3pts.
Malgré tout, ce n’est selon moi pas une raison de s’inquiéter sur son sort. En effet, sa capacité à pull-up de loin pourra probablement se développer au vu de sa qualité de tir actuelle. Branham shoote peu de loin (28% de ses tirs) mais sanctionne bien (42%), surtout sur du spot-up en l’état. C’est un rôle qui est projetable pour lui dès son année 1 en NBA et son efficacité en autocréation à mi-distance ainsi que sa fiabilité aux lancers (83%) me font dire qu’il saura à terme devenir un danger réel derrière l’arc. Branham devra tout de même progresser sur son tir en mouvement pour devenir un vrai bon attaquant off-ball et s’intégrer encore plus facilement dans un collectif.
Pour finir, Branham montre un potentiel défensif certain, même s’il y a encore du travail. Son profil physique (longueur, taille) couplé à sa mobilité et un corps plutôt puissant font état d’un joueur idéal pour défendre les postes 1 à 3 sur le papier (que ce soit en aide ou sur le porteur de balle adverse d’ailleurs) et les flashs sont prometteurs. Cependant, il manque encore de constance et se fait déborder de temps en temps, tandis qu’il galère vraiment à passer des écrans solides. Il va devoir se renforcer physiquement, gagner en régularité, mais le point encourageant est qu’il aime défendre, se donne réellement des deux côtés du terrain. Son hustle et son profil physique en font un talent défensif à polir et un potentiel fort two-way player.
Actuellement, la côte de Branham est en hausse et de plus en plus d’observateurs le voient sélectionné en lottery. Il a pour lui sa progression linéaire au cours de la saison, de vrais coups d’éclats et plus globalement un profil de joueur qui intéressera peu ou prou toutes les franchises. Il faudra juste observer à quel point il intriguera les front office comparé à la concurrence à son poste qui est féroce (Sharpe, Mathurin, Davis, Agbaji, …).
Quel rôle avec le Thunder ?
Personnellement, je serais ravi d’accueillir Malaki Branham du côté d’OKC. Nous avons besoin de postes 2-3 qui savent shooter, c’est ok. Seuls SGA et Mann savent créer leur propre tir, Branham excelle dans ce domaine. OKC construit son équipe d’abord sur des bases défensives et souhaite avoir des joueurs polyvalents, Malaki a un gros potentiel de ce côté du terrain et peut défendre des postes 1 à 3. Il semble avoir un profil quasi parfait pour le Thunder et le drafter en 12 reviendrait à le récupérer dans le range où il est attendu.

- Bennedict Mathurin (SG/SF, 20 ans, 198cm, 93kg, 206cm d’envergure, Arizona Wildcats)

Stats 2021-22 : 37 matchs, 32.5 minutes de moyenne
17.7 points, 5.6 rebonds, 2.5 passes, 1.0 interceptions, 0.3 contres, 1.8 turnovers
45.0% au tir (5.9 FG / 13.1 FGA), 36.9% à 3pts (2.2 3P / 6.1 3PA), 76.4% aux lancers (3.7 FT / 4.8 FTA)
C’est maintenant au tour de Bennedict Mathurin, mon chouchou de cette draft mais aussi un prospect qui divise beaucoup de personnes. Il fait partie des quelques joueurs pour lesquels je souhaiterais voir OKC trade-up le soir de la draft, car d’après moi il ne sortira pas du top 10. Promis, ce scouting sera le plus objectif possible et je mettrais mon amour pour ce joueur de côté le temps de cet exercice.
Commençons d’abord par parler de ses forces offensives car c’est un joueur qui possède de nombreuses qualités de ce côté du terrain. Tout d’abord, il fait partie des meilleurs shooters de la cuvée. Il a montré une vraie capacité à prendre des tirs de loin dans beaucoup de situations, ce qui fait de lui un shooter très versatile et polyvalent. Il est capable de prendre des tirs en sortie d’écran, en sortie de dribble, en se retournant, avec plusieurs défenseurs sur lui, dans le clutch et plus globalement de prendre des tirs très compliqués. Sa mécanique de tir est déjà très bonne et il a un point de release assez haut qui lui permet de shooter dans des positions contestées sans se faire contrer. Que ce soit avec ou sans ballon, il est capable de sanctionner de loin en créant son propre tir ou avec l’aide d’un coéquipier et c’est un aspect de son jeu qui devrait lui permettre d’être un danger pour l’équipe adverse dès son arrivée en NBA.
Pour poursuivre sur son jeu off-ball, c’est un joueur qui excelle déjà dans ce domaine. En plus de pouvoir planter des tirs compliqués dans des situations de C&S, il est aussi un excellent joueur de cut qui sait avoir le bon timing pour se rendre disponible, il est redoutable et adore attaquer les closeouts, il sait très bien se déplacer sans ballon…bref, c’est un autre aspect de son jeu qui peut le rendre efficace dès le premier jour. Son physique fait partie des plus grosses certitudes concernant ce prospect. Il a déjà un physique NBA ready et est en plus de ça un énorme athlète, capable de lâcher des énormes posters (cf poster monumental vs TCU), de terminer sur alley-oop ou de s’envoler pour le dunk en transition. D’ailleurs, en parlant de transition, il sera capable de sanctionner de n’importe où en contre attaque et sera une vraie menace en transition.
Mais revenons-en à son physique, c’est un joueur très costaud et très musclé, qui est déjà parfaitement capable de l’utiliser à son avantage mais qui ne l’utilise pas encore assez. On remarque par exemple qu’il refuse souvent le contact et n’ose pas aller chercher le contact pour finir plus facilement près du cercle. Contrairement à un Johnny Davis évoqué plus haut, il va préférer éviter le contact après son drive et c’est fort dommage. Parmi les autres grosses interrogations toujours liées à son physique, c’est son impact de l’autre côté du terrain qui pose question. Il n’est pas très concerné en défense, n’est vraiment pas un défenseur off-ball actif et met peu d’intensité quand il défend, encore une fois tout l’inverse de Johnny Davis alors que Mathurin est plus grand, plus long, plus lourd et plus athlétique. Les outils physiques sont là et le joueur peut devenir un excellent défenseur quand il décide de s’y mettre, notamment dans des situations où sa bonne défense est nécessaire dans un match à enjeu et où il a montré des flashs défensifs intéressants avec une rapidité latérale et un mouvement des hanches à exploiter.
Il a aussi montré de vrais flashs à la création, marquant une vraie évolution comparé à sa saison dernière, en se servant du fait qu’il soit une menace de loin. Il montre de belles choses en sortie de pick n’ roll, en ayant la vision pour trouver le joueur libre à l’opposé ou en trouvant le fameux Koloko (qui excellait dans les déplacements pour se rendre disponible sous le cercle) après qu’il ait feinté le pick n’ roll pour se retrouver seul sous le panier. Encore une fois, c’est un aspect de son jeu qu’il devra travailler et développer.
Parlons maintenant de son plus gros problème (d’après moi) : son handle. Bien qu’il soit loin d’être mauvais dribbleur, il montre de vrais problèmes quand il est amené à créer son propre tir ou à driver sur un jeu arrêté. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a eu beaucoup plus de mal face à des équipes comme Houston lors de la March Madness, dans un match avec une pace très lente et donc moins favorable pour lui. Il préfère le jeu rapide, où il peut exploiter pleinement ses forces mais va absolument devoir progresser sur son handle pour devenir une vraie menace offensive balle en main. Une progression sur cet aspect de son jeu serait l’élément qui pourrait le faire basculer au niveau supérieur et lui permettre d’avoir un rôle plus important en NBA.
Comme vous avez pu le comprendre, Bennedict Mathurin peut faire partie des joueurs les plus safes sur lesquels miser le jour de la draft. Il pourrait avoir un rôle de joueur off-ball dès son arrivée en NBA et impacter le jeu avec ses nombreux outils offensifs tout en développant son impact de l’autre côté du terrain en montrant plus d’implication et de concentration pour exploiter ses capacités physiques au maximum. C’est un joueur qui correspond potentiellement à n’importe quelle équipe de NBA tant ce profil est nécessaire et bénéfique dans une équipe.
Quel rôle avec le Thunder ?
En ajoutant un nouveau canadien dans l’équipe avec un profil d’ailier 3&D avec un corps NBA ready et qui fait partie des meilleurs shooters de la draft, OKC ferait une très bonne opération. Les interrogations sur son implication défensive peuvent être réglées par une identité de jeu à OKC où tous les joueurs sont poussés à se donner en défense et cette énergie collective pourrait débloquer son potentiel défensif qui est bien là. Avec ses capacités et sa régularité au scoring, il aurait un impact immédiat dans l’équipe. Que ce soit avec ballon en jouant avec la 2nd unit et en ayant beaucoup de ballons pour lui permettre de scorer mais aussi de montrer son potentiel à la création pour ses coéquipiers. Ou off-ball aux côtés de joueurs comme SGA et Giddey, où il pourra montrer sa capacité à exister sans ballon avec son C&S et son sens du cut.
Son alchimie sur le terrain avec Dalen Terry était parfaite et Terry sentait parfaitement les cuts de Mathurin, alors imaginez ce genre de joueur avec des gars comme Giddey pour le servir sur alley-oop ou sur un cut ligne de fond…

- Dyson Daniels (SG/SF, 19 ans, 202cm, 89kg, 210cm d’envergure, NBA G League Ignite)

Stats 2021-22 : 14 matchs, 31.0 minutes de moyenne
11.5 points, 5.9 rebonds, 4.4 passes, 1.9 interceptions, 0.8 contres, 2.4 turnovers
44.9% au tir (4.4 FG / 9.9 FGA), 25.5% à 3pts (0.9 3P / 3.6 3PA), 73.7% aux lancers (1.0 FT / 1.4 FTA)
Après Josh Giddey l’année dernière, c’est un autre australien qui risque d’être pris dans le top 10, en la personne de Dyson Daniels. L’originaire de Bendigo, fils de joueur, présente déjà un parcours assez peu conventionnel. En 2019, il fait partie du programme NBA Global Academy, programme auquel a participé… Josh Giddey, encore lui. Après avoir passé deux années à Canberra, il se décide à faire le grand saut et ne rejoint pas la NCAA mais penche plutôt pour l’alternative G-League et Ignite. Censé être plus formatrice que le championnat universitaire (et surtout plus lucratif pour les joueurs), elle a déjà connu son lot de flop qui ont coûté des places (Jonathan Kuminga) et de ceux qui ont vu leur côte exploser (Jalen Green). Alors que son coéquipier Jaden Hardy semble avoir rejoint la première catégorie, Dyson Daniels fait plutôt partie de la seconde. Mais que vaut-il réellement ? Et finalement : est-ce que les comparaisons avec Josh Giddey ne sont pas tirées par les cheveux et proviennent du fait que les deux joueurs sont de même nationalité et avec un parcours et un environnement familial similaire ?
S’il y’a bien un domaine où le parallèle entre Giddey et Daniels est évident, c’est à la création. Dans une équipe de l’Ignite où il était le premier (voire le seul) playmaker, Daniels a tourné à plus de 4.8 passes sur les 29 matchs disputés, stats qui pourraient être plus élevées tant il semble dominer dans ce domaine : le joueur possède une très bonne vision du jeu qui lui permet de lire la défense adverse avant qu’elle ne puisse s’ajuster. Daniels est patient, Daniels sait faire n’importe quel type de passe (cross-court, lob, corner, cut) et se sublime lorsque son équipe évolue en transition : outlets, grab & go, changement de rythme, tout y passe. Mais ce que j’ai peut-être le plus apprécié dans son jeu pour les autres, c’est l’utilisation qu’il fait de son corps pour s’ouvrir les lignes. Difficile de savoir quel est son poste tant il a le physique d’un 3 mais le jeu d’un PG, mais il a souvent fait bon usage de ce corps, jouant au poste ou bien dos au panier pour temporiser, et ensuite servir ses copains. Est-ce que Daniels pourra être le principal playmaker d’une équipe NBA comme l’est déjà Josh Giddey ? Pour l’instant non, peut-être à terme mais il reste du travail.
L’autre qualité de Daniels, celle qui fait que je suis plutôt sceptique quand je vois des comparaisons avec Giddey, c’est sa défense. Dans une équipe qui globalement défendait aussi bien que les Rockets, l’australien aura été le seul à surnager, même si le plafond est loin d’être atteint. Je l’ai dit, il a un corps d’ailier mais sera sûrement utilisé dans un back-court, ce qui lui donne un énorme avantage en défense. Contrairement à Josh, il possède ce combo taille/vitesse latérale, avec en plus un sens de l’anticipation et de la recovery. Quels postes pourra t-il défendre ? Probablement du 1 au petit 4. Chose d’ailleurs assez rare : il a défendu plusieurs fois en presse tout-terrain, exercice ô combien difficile et qui demande un certain nombre de qualités défensives. Pour ce qui est de la défense off-ball, ce n’est pas le rôle où il a été le plus utilisé mais il a montré de très belles choses, notamment tout ce qui concerne l’aide ou les close-out. Cette intelligence lui a permis de piquer un paquet de ballons, quasi 2 par match. Et si on ajoute le quasi contre par match, on obtient un joueur déjà très complet défensivement. J’aime d’autant plus son activité au rebond (6 par match), qui lui sert souvent pour lancer les transitions. Certains le décrivent déjà comme l’un des meilleurs défenseurs de la cuvée, et je fais partie de ces personnes. Malgré tout, il peut encore progresser largement, et je lui vois un potentiel assez élevé à terme.
Hormis la création et la défense, que reste t-il de positif à dire sur Dyson Daniels ? Son floater, et son efficacité près du cercle. Pour le floater, c’est un signe encourageant sur le toucher du garçon, puisqu’il est à 13/34 (38%) dans ce domaine, ce qui est une bonne base. Avec d’ailleurs quasi 1 tentative et demi par match, c’est un type de tir que le joueur semble apprécier. Mais là où il peut apporter en attaque, c’est près du cercle. S’il n’a que peu tenté de tirs près du cercle (seulement 70 en 25 matchs recensés), et que la réussite était correcte sans être exceptionnelle (57.1), je le trouve intriguant dans le jeu au poste. Comme mentionné lorsque j’ai évoqué sa défense, son corps lui donne un avantage de taille qu’il a, selon moi, trop peu utilisé. Seulement 13 tirs en post-up alors que le joueur tourne à 69% de réussite, c’est dommage, et un point qu’il devra plus explorer et exploiter une fois arrivé dans la grande ligue.
Mais LE problème de Dyson Daniels, celui qui fait qu’il a déjà été la cible de bon nombre de critiques durant nos podcasts et nos lives, c’est son tir extérieur. 30% de réussite pour quasi 4 tentatives par match, voilà la saison à 3 points du meneur de l’Ignite. Pourtant, la mécanique n’est pas cassée, le pourcentage aux lancers loin d’être calamiteux (73.7%) mais le joueur n’arrive tout simplement pas à sanctionner de loin. Le pire reste probablement sa réussite en catch and shoot, qui est de 28.6%, soit moins bonne que son pourcentage de réussite en pull-up. Même sur les tirs où il est considéré comme ouvert, il ne tourne qu’à 33% de réussite. Rien de bien rassurant, et un point qui sera sûrement le swing facteur dans sa carrière. Autre signe d’inquiétude : son handle. Je ne le vois pas développer son dribble suffisamment pour pouvoir un jour se créer son tir, encore faudrait-il pouvoir les rentrer. C’est aussi en cela que j’ai des doutes sur sa capacité à être le principal initiateur d’une attaque NBA : avec un handle aussi moyen, difficile de se projeter.
Alors, est-ce que Dyson Daniels est le nouveau Josh Giddey ? Oui et non, mais plus non. Défensivement il est clairement des années-lumière au-dessus du plus jeune joueur en triple-double de l’histoire, et présente les mêmes incertitudes sur le shoot, mais reste selon moi un moins bon créateur ainsi qu’un moins bon attaquant que Giddey. Le joueur reste malgré tout jeune (tout juste 19 ans) et possède une marge de progression assez élevée. Je ne pense pas que le Thunder soit intéressé par lui, même en cas de trade-up en 8 ou 9 (s’il est toujours là d’ailleurs). En revanche, j’aime beaucoup l’idée de le voir aux Pels ou aux Spurs, endroit où il pourrait faire beaucoup de bien, dans des registres différentes. Mais au Thunder ? Merci, mais on garde Josh.
Quel rôle avec le Thunder ? Défensivement, je le vois parfaitement s’insérer dans le schéma défensif proposé par Daigneault, que ce soit avec le 5 ou avec le banc, et il viendrait résoudre le principal problème défensif du Thunder selon moi : l’aile. Offensivement, je pense que le manque de tir extérieur (du Thunder et du joueur) serait trop handicapant tant pour l’un que pour l’autre.
