Comment Shai Gilgeous-Alexander est devenu une superstar offensive ?

Après 36 matchs joués, soit la moitié de la saison, et alors que le break du All-Star se termine pour le Thunder, il est temps de faire un point sur le joueur le plus électrisant d’OKC, celui qui fait rêver tous les fans : Shai Gilgeous-Alexander. A 22 ans, le canadien réalise une saison offensive de très haut niveau, avec notamment une très grande efficacité. Dans cet article, nous allons essayer de comprendre comment SGA a franchi un palier en attaque par rapport à l’année dernière, et en quoi il réalise une saison historique statistiquement parlant.

L’année dernière et le contexte d’avant début de saison

Pour faire un petit rappel à ceux qui vivent dans une grotte depuis 2 ans : Shai Gilgeous-Alexander est récupéré par le Thunder lors du fameux trade de Paul George en Juillet 2019. L’ancien guard de Kentucky, sélectionné en 11ème position par les Clippers un an plus tôt, sort d’une saison rookie très intéressante qui lui aura valu beaucoup de compliments de la part des observateurs, que ce soit ceux des Clippers ou de la NBA de manière globale. Même si les statistiques ne sont pas les plus impressionnantes (10.8 pts, 2.8 rbds et 3.3 ast), le gamin a montré qu’il pouvait être un joueur très utile dans n’importe quelle équipe et qu’il possédait un potentiel que peu de rookies de la même cuvée pouvaient égaler.

C’est donc en tant que principal asset du trade d’un joueur top 3 MVP l’année passée que Shai débarque dans l’Oklahoma, avec tous les espoirs des fans derrière lui. Avec son arrivée, c’était une page de l’histoire du Thunder qui se tournait, un changement de stratégie : terminé les campagnes infructueuses en playoffs, le Thunder lance sa reconstruction avec Shai comme principal atout pour le futur.

Comme on le sait, cette fameuse saison 2019-2020 du Thunder ne s’est pas passée exactement comme prévue à la base. Alors que tout le monde voyait OKC au fond de la conférence Ouest, la franchise va au contraire signer peut-être la plus belle saison de son histoire tant elle était inattendue : avec un Chris Paul de gala, un Schröder en mode 6th Man of the Year et l’éclosion de Lu Dort en cours de saison, le Thunder va déjouer tous les pronostics et se qualifier assez facilement pour les playoffs. Mais cette saison réussie réside aussi dans le fait qu’un joueur sophomore a parfaitement répondu aux attentes des fans, et ce joueur c’est Shai. En effet, alors qu’il n’a que 21 ans, il va réaliser une saison où il était probablement le deuxième meilleur joueur d’une équipe qui aura terminé top 5 de sa conférence, avec une très jolie ligne de stats : 19 points, 5.9 rebonds, 3.3 assists, le tout à 47.1 % aux tirs et quasi 35 derrière l’arc.

Peu de gens avaient prédit le fait que Shai allait devenir aussi bon aussi tôt. Et pourtant, il a suffi de seulement quelques matchs pour que toute la fanbase du Thunder tombe sous le charme de SGA. Pas le joueur le plus expressif sur le parquet mais dont il est difficile de ne pas apprécier la classe et le talent. Et au-delà des fans d’OKC, c’est une bonne partie de la fanbase NBA qui se rend compte du niveau de Shai, même si parfois un peu trop éclipsé des discussions par la saison rédemption de Chris Paul. S’en suit une série de playoffs face aux Rockets plus contrastée, où Shai aura moins produit (16/5/4 à 43%) et où il aura montré un certain manque au niveau du physique et dans le décision-making pour pouvoir réellement peser dans le résultat final, même si son shoot dans le Game 3 aura évité que la série se termine très rapidement.

C’est donc après une saison sophomore très satisfaisante que Shai Gilgeous-Alexander se prépare pour sa deuxième saison avec OKC. Mais là aussi, difficile de pouvoir comparer les deux tant rien n’est plus pareil au Thunder. En effet, cette intersaison 2020 est l’intersaison où Sam Presti aura décidé d’appuyer sur le gros bouton rouge, effectuant un nombre record de trades et où Chris Paul, Dennis Schröder, Danilo Gallinari et Steven Adams seront envoyé loin de l’Oklahoma. Shai est, avec Bazley, Dort, Diallo et Roby, le seul rescapé de ce coup de karcher de Presti. La situation est au final celle qu’on attendait un an plus tôt : Shai comme projet de reconstruction et comme meilleur joueur de cette équipe.

On en a beaucoup parlé lors de l’intersaison, notamment lors de nos différents podcasts ou articles sur le sujet, la saison de Shai en tant que première option offensive soulevait beaucoup de questions. La plus grosse étant bien évidemment son poste. L’année dernière, Shai évoluait principalement au poste 2 voire au poste 3 quand Billy Donovan mettait en place ce lineup à 3 guards qui aura fait tant de mal à la ligue. Dans ce lineup, et même sur la quasi totalité de la saison, Shai n’était pas vraiment un meneur et évoluait plus dans un registre d’arrière scoreur, à l’instar d’un Bradley Beal : de la création individuelle, avec énormément de drives dans le cas de Shai, et un petit peu de création pour les autres mais de manière très occasionnelle. Avec les mouvements dans l’effectif et l’arrivée d’un nouveau coach en la personne de Mark Daigneault, on savait que le rôle de Shai n’allait pas être le même. On savait qu’il allait devoir beaucoup plus porter la balle, et si personne n’avait de doute sur sa capacité à marquer, beaucoup (dont l’auteur de ces lignes) étaient sceptiques quant à la possibilité de le voir évoluer en tant que meneur de jeu, capable d’installer une attaque placée et de servir ses coéquipiers avec régularité. Certains ont aussi pu se poser la question, plus orientée sur le futur, de savoir si Shai était réellement capable d’être la première option offensive d’une équipe qui peut aller loin, et pas seulement le lieutenant d’un autre excellent joueur à ses côtés. Il a aussi été question de savoir si, avec le départ de Chris Paul, il allait être capable de se créer des tirs aussi facilement que l’année dernière.

C’est donc avec toutes ces interrogations, mais aussi ces espoirs en lui, que Shai Gilgeous-Alexander a débuté sa première saison en tant que boss d’OKC. Et on peut dire qu’après seulement une demi-saison jouée, il aura répondu à toutes les critiques et les interrogations.

Les statistiques brutes… avant de rentrer dans le détail

Pour faire simple, et avant d’essayer de comprendre comment cela est possible, Shai Gilgeous-Alexander réalise une saison offensive historique. Historique pour deux points : l’âge et l’efficacité. En effet, après 35 matchs, Shai Gilgeous-Alexander c’est 23.2 points, 5.1 rebonds, 6.2 assists, le tout à 51,1 % au tir et 41,2 à 3 pts. Et si on se penche sur son True Shooting, il est extrêmement bon puisqu’il est de 62,7, soit devant des Lillard, des Kyrie, des Giannis, des Kawhi ou même un Duncan Robinson. En plus de cela, il faut souligner un nouveau record en carrière avec 42 points face aux Spurs de San Antonio le 24 Février, le tout en jouant moins de minutes que l’année dernière (34 mpg en 2020-2021, 34.9 en 2019-2020) et avec un nombre de tirs tentés par match quasiment équivalent (14.5 l’an dernier, 15.6 cette année).

La ligne de stats en soit est déjà extrêmement belle, mais une telle ligne de stats à cet âge, cela devient très rare. En effet, il n’y a que LeBron, Doncic et Oscar Robertson qui ont réalisé une saison en 23/5/6 à moins de 23 ans. Shai rejoint donc un club très fermé, dont il est le seul à plus de 50% au tir. De plus, il fait partie d’un club très sélectif de 27 joueurs à plus de 23 points et 50% au tir entre leur année 1 et leur année 3, en étant seulement le 6ème guard à réaliser une telle performance. Et pour rajouter un argument à ceux qui n’ont pas encore bien saisi la performance : dans toute l’histoire, 23 joueurs ont réalisé une saison en 23/5/6, ils ne sont que 5 à l’avoir fait en étant à plus de 50% au tir et 40% à 3 points : Bird, Curry, LeBron, Jokic et Shai.

Avec ces statistiques et ces comparaisons (qui ne sont qu’à titre indicatif, il n’y a aucune volonté de comparer la saison 2016 de Curry avec la 2021 de Shai), on voit bien que la saison du canadien est historique, d’autant plus qu’il ne joue pas dans une équipe avec beaucoup de joueurs de très grande qualité à côté de lui. Et pourtant Shai score en masse, fait gagner des matchs à son équipe et aurait même pu, avec un bilan collectif plus favorable, être sélectionné pour le All-Star Game. Pour essayer de comprendre et d’expliquer cette saison rarement vu chez un joueur aussi jeune, nous allons diviser son jeu offensif en 3 catégories : son jeu près du panier, son tir extérieur et sa création pour les autres.

Avant de débuter cet article, je tiens à dire que toutes les stats proviennent soit de Basketball Reference ou de NBA Advanced Stats.

Son jeu près du panier

C’est probablement le domaine sur lequel Shai était le plus avancé, et pourtant il a réussi à progresser de manière assez impressionnante cette année. SGA prend le plus grand nombre de ses tirs dans la raquette ou près du panier. En effet, il est, avec 25.1 drives par match, le joueur qui réalise le plus de drives de toute la NBA. C’est d’ailleurs un record pour un joueur depuis que cette statistique est calculée. Et on peut dire que Shai est plutôt efficace lorsqu’il drive puisqu’il est à 55% de réussite suite à un drive, ce qui le place parmi les meilleurs de la ligue, derrière des LeBron James, des Kyrie Irving ou des Luka Doncic mais devant des Bradley Beal, des Ja Morant ou des Donovan Mitchell. D’ailleurs, cette proportion qu’il a à aller driver sans de réel sytème mis en place ou d’aide de la part de ses coéquipiers se ressent dans le ratio panier marqué sans assist et panier marqué avec une passe décisive. En effet, si l’année dernière Shai était à 59% de paniers marqués sans passe décisive, ce qui est déjà beaucoup, le pourcentage a explosé cette année, puisque ce sont désormais 85% des paniers de Shai qui sont unassisted, preuve qu’il est bien le seul créateur de cette équipe, tant pour lui que pour les autres.

De manière globale, Shai près du panier, c’est d’une efficacité assez affolante : 61,8% dans la raquette, dont 63 dans la restricted area. On peut trouver des pivots qui ont des meilleurs pourcentages de réussite dans ce domaine, mais si on commence à chercher du côté des joueurs qui ne sont pas des intérieurs, la liste se réduit. Et encore une fois, cela est surprenant car Shai est un joueur bien connu des défenses adverses : elles savent qu’il va beaucoup driver et qu’il faut l’empêcher d’accéder au cercle. Et si parfois, face à d’excellents défenseurs, Shai est effectivement en difficulté, ces matchs sont plutôt rares en comparaison au nombre de matchs où Shai se balade dans la raquette adverse. Dans ce domaine, il a progressé par rapport à l’année dernière. En effet, il n’était ‘’que’’ à 53 % au tir dans la raquette et à moins de 58 dans la restricted area. Là où on aurait pu penser que l’efficacité allait diminuer dû à un plus grand nombre de tirs tentés, Shai possède au contraire de meilleures stats que l’année dernière. Ce n’est pas le joueur avec le premier pas le plus rapide de la ligue, il ne bénéficie pas non plus des meilleurs écrans de la ligue, mais il dispose d’un bon handle, d’un excellent toucher et surtout d’une très bonne gestion de son corps qui lui permet souvent d’éviter le contact avec un défenseur pour terminer tout en style et en finesse, avec un tir relativement facile pour lui.

De plus, il semble bénéficier d’un respect de plus en plus grandissant de la part des arbitres : en effet, si peu de fautes étaient sifflées pour Shai en début de saison, il semble désormais être reconnu comme un joueur qui provoque des contacts, ce qui se ressent sur le nombre de lancers-francs tentés, en augmentation cette année comparé à l’année dernière (6,6 contre 5,1). Pour ceux qui sont plus portés sur les stats avancées on peut mentionner le FTr, diminutif de Free Throws Per Field Goal Attempt, qui est en hausse : .31,6 cette année contre .24,7. En gros cela signifie que pour un tir tenté, Shai obtient 0,31 lancer, ce qui montre qu’il obtient souvent des lancers et qu’il commence à devenir excellent dans ce domaine, puisque des joueurs comme LeBron ou Kawhi sont entre .30 et .33.

Et même si le pourcentage laisse encore un tout petit peu à désirer (moins de 80%), il semble progresser dans ce domaine avec un joli 84.6 % en février (pour 6.1 tentatives) et 81.3 lors du mois de mars (pour 8 tentatives). Mais surtout, cette augmentation du nombre de lancers lui permet d’avoir des défenseurs moins agressifs sur lui, de peur qu’on siffle la faute, ce qui lui permet de se créer des espaces encore plus facilement ou de terminer au panier avec moins de difficulté que l’année dernière ou qu’en tout début de saison, où il devait parfois subir une défense plutôt virile de la part de son vis-à-vis, comme vous pouvez le constater avec ce and-one face à Chicago en début de saison.

Sur cette action, on voit bien que Shai subit un bon contest de la part de Carter Jr. mais qu’il parvient, parce qu’il sait gérer son corps en l’air, à provoquer la faute et terminer son drive.

Hormis peut-être un floater qui manque encore à son jeu, il est difficile de voir sur quoi Shai peut progresser lorsqu’il attaque le cercle tant il fait déjà partie d’une élite en ce qui concerne ce domaine. Si en plus de ça on ajoute un respect grandissant des arbitres qui lui donnent de plus en plus de lancers, on obtient tout simplement un des meilleurs joueurs de toute la ligue près du panier.

Son tir extérieur

On le sait, être capable de shooter de loin avec efficacité est essentiel dans la NBA de 2021, encore plus pour un extérieur. C’est d’ailleurs ce qui sépare souvent les bons des excellents joueurs, ceux qui sont capables de marquer de loin avec régularité et de sanctionner les défenses adverses. Pour Shai, la question de savoir s’il en était capable s’est posée lors de l’intersaison, sûrement à raison. En effet, Shai n’a pas la plus belle mécanique de tir mais surtout, s’il veut pouvoir bénéficier d’autant d’espaces dans la raquette, il doit être capable de rentrer ses tirs, qu’ils soient à mi-distance ou à 3pts. Et l’année dernière, ce fût moyennement le cas, tant dans l’échantillon (3.6 tentés), que dans la réussite (34,7%). Si l’attaque du cercle était le domaine dans lequel il avait le plus de bases, le shoot était peut-être celui qui nécessitait le plus d’entraînement et de progression. Et encore une fois : Shai est excellent dans ce domaine cette année. Son nombre de tir primés tentés par match n’est pas celui des plus gros shooteurs de la ligue (4.9 par match) mais la réussite est plus que présente puisqu’il tourne à 41,2 %. Après un début de saison où il a été quelque peu fâché avec son tir (31,8 % sur Décembre), il a su régler la mire, notamment avec un exceptionnel 27/57, soit 47,4 %, sur Février.

On peut évoquer très rapidement son jeu à mi-distance, moins utilisé que l’année dernière (seulement 39 tentés pour l’instant, un peu plus d’1 par match), symbole de l’abandon du jeu à mi-distance par le Thunder depuis l’arrivée de Mark Daigneault, mais avec un taux de réussite (38,5) qui ne laisse pas de regrets sur le peu de mid-range tenté par SGA. La vraie progression elle est bel et bien derrière l’arc. Pourtant, là aussi, Shai est plutôt prévisible, puisque 132 des 148 tirs primés qu’il a tenté sont à 45 degrés ou face au panier. On pourrait donc croire que les adversaires s’attendent à ce que Shai tente un tir face au panier, et malgré cela il est difficilement défendable.

On a évoqué le fait qu’il se créait son accès à la raquette quasiment tout seul, sans passe décisive, c’est aussi le cas dans ce domaine, puisque Shai n’utilise que très peu le catch and shoot (seulement 1,2 tir à 3pts tenté en catch and shoot, le second plus bas parmi les joueurs de la rotation après Diallo). Il doit donc quasiment tout rentrer via des pullups, qui sont les tirs les plus difficiles. Et même si Shai n’est pas un shooteur naturel et ne le sera probablement jamais, il fait preuve d’une incroyable réussite à ce niveau. En effet, SGA cette saison c’est 51% de réussite à 3 pts sur des tirs pris en pullup, ce qui est monstrueux. Si on veut comparer à ses % de l’année dernière, ils sont largement en hausse (32,1 % sur la saison 2019-2020). A titre de comparaison, Damian Lillard, pourtant un excellent shooteur, n’est qu’à 32,5 %. Pareil pour Steph Curry, seulement à 39,1 %. Et si vous pensez que ce n’est pas comparable parce que les échantillons sont beaucoup plus grands pour Curry et Lillard par rapport à Shai, prenons des joueurs avec quasiment le même nombre de tirs primés tentés : 39,3 % pour Kawhi, 38,5 pour Middleton et 39,2 pour Devin Booker. On se rend compte à quel point cette réussite pour Shai sur les pullups est extraordinaire et participe grandement à son haut pourcentage de réussite à 3pts.

Petit exemple d’une action en pullup de Shai. Cette action date du début de saison, face aux Nets. On voit bien que Kevin Durant s’attend à ce que Shai parte au drive alors que ce dernier s’arrête, pose un dribble et déclenche de loin. Aujourd’hui, difficile de penser que les attaquants adverses défenderaient de la même façon que Durant.

Si on peut raisonnablement penser que cette réussite ne durera pas toute une saison, et encore moins toute une carrière, il ne faut pas négliger un nouvel atout que Shai a sorti de son sac cette saison : le side-step ainsi que le step-back. Déjà présent de manière sporadique lors de la bulle l’année dernière, Shai n’hésite pas à s’en servir plus fréquemment cette saison (un tiers des tirs à 3pts tentés sont des step-back ou des side-step), symbole d’un joueur en progression mais aussi d’une confiance de plus en plus grande en son tir extérieur et dans sa capacité à rentrer ce genre de tir. Et si pour l’instant le eye-test semble être plus que positif, les % ne suivent pas vraiment pour l’instant (26,2 %). Pourtant, il semble que Shai soit bien en mesure de rentrer ces tirs extrêmement difficiles et réservés aux meilleurs scoreurs de la ligue, ce qui pourrait compenser une perte d’adresse sur les pullups.

Voici un petit exemple vidéo d’un step-back de Shai. Sur cette action, on voit que SGA est un joueur beaucoup plus fort sur ce genre de tir que les stats veulent bien le montrer tellement il semble parfaitement maîtriser ce genre de move.

Vous l’aurez compris, le tir extérieur de Shai est en très grande forme cette saison. A voir sur la seconde partie de la saison s’il sera en mesure de poursuivre sur cette lancée absolument historique, ou bien s’il va se calmer et revenir à ses standards de l’année dernière. Toujours est-il que Shai a montré qu’il pouvait sanctionner les défenses adverses derrière l’arc, chose qui conforte son potentiel de première option offensive dans une équipe qui joue le titre.

Sa création pour les autres

Comme mentionné en début d’article, la création de Shai pour ses coéquipiers était une des principales interrogations de la dernière intersaison. Avec le départ de Chris Paul, a.k.a un des meilleurs meneurs de l’histoire, et l’arrivée de George Hill, un meneur qui n’est pas vraiment porté sur la création, on savait que Shai allait avoir beaucoup plus souvent la balle en main que l’année dernière, et surtout, qu’il allait devoir évoluer au poste de meneur de jeu, chose qu’il a très peu fait en 2019-2020. D’autant plus que les problèmes du Thunder à la mène sont devenus encore plus importants lorsque George Hill s’est fait opérer du pouce après une quinzaine de matchs, propulsant alors Théo Maledon en tant que coéquipier de Shai sur la ligne arrière. Maledon étant un rookie et pas un porteur de balle primaire, les responsabilités en attaque reposent quasi entièrement sur Shai. Là aussi, le joueur de troisième année a encore fait d’énormes progrès, déjà d’un point de vue purement statistique. En effet, Shai cette saison est à 6.2 assists par match, le 22ème plus gros total de la ligue, alors qu’il n’était qu’à 3.3 lors de son année rookie et sophomore. SGA a totalement embrassé ce rôle de meneur de jeu et a montré qu’il pouvait bien tenir les rênes de cette attaque du Thunder.

Cela se voit quand on rentre dans les statistiques plus avancées de Shai à la passe. Cette saison, le canadien est à 31.7 en AST%, ce qui signifie que 31.7% des passes décisives du Thunder lorsque Shai est sur le parquet sont réalisées par ce dernier. Si on compare à ses deux précédentes années (respectivement 17.8 et 15.2), on voit bien une nette amélioration dans ce domaine, symbole aussi de la polyvalence offensive qu’il peut avoir. Mais si on compare cet AST% à celui d’autres meneurs de la ligue, on se rend compte que Shai fait partie des très bons créateurs. En effet, s’il n’est pas encore au niveau des Westbrook, des Doncic, des Harden ou des Trae, qui dépassent les 40 voire les 45%, il a un AST% quasiment équivalent à celui d’un Ben Simmons, d’un Kyle Lowry ou d’un Mike Conley, qui sont pourtant plus des meneurs de métier que Shai (sauf Simmons) et qui sont réputés pour être de bons créateurs. Avec cette statistique, on voit bien que SGA commence à faire partie des très bons créateurs de la ligue, même s’il est peu probable qu’il soit élite dans ce registre, comme en atteste son ratio assist/turnover actuellement à 2.4, ce qui est bien mais pas top.

Cependant, lorsque l’on analyse en direction de qui les passes de Shai vont, on se rend vite compte que ses statistiques à la passe pourraient être beaucoup plus importantes si ses coéquipiers étaient plus adroits. Ce n’est plus un secret : le Thunder est l’une des pires attaques de toute la ligue, si ce n’est la pire en terme d’offensive rating. Et cela se traduit dans les passes de Shai. En effet, les trois joueurs qui reçoivent le plus fréquemment une passe de Shai sont logiquement Al Horford (18,3 % de fréquence de passe), Darius Bazley (17,6%) ainsi que Luguentz Dort (14,7%). Si on cumule le pourcentage des 3, on obtient moins de 38% de réussite au tir. Ce chiffre famélique montre non seulement que l’attaque du Thunder est à la peine, mais aussi que les stats à la passe de Shai pâtissent du manque de réussite de ses coéquipiers. Avec des joueurs plus adroits, ou tout du moins une adresse pas aussi catastrophiquement basse, il serait sûrement à plus de 7 voire 8 assists par match.

D’un point de vue moins statistique et plus tactique, Shai à la passe est un meneur qui utilise beaucoup le pick and pop pour servir un intérieur qui va shooter, typiquement Horford ou Bazley, mais qui peut aussi profiter d’un drive pour ressortir à un extérieur, comme c’est le cas avec Dort.

Petit exemple ci-dessous de Shai qui drive, attire la défense adverse vers lui, et ressort sur un shooteur qui (cette fois-ci) rentre son tir.

Il est même capable, si on lui demande gentiment, de délivrer des passes plutôt bien senties, comme c’est le cas avec Muscala sur ce pick and pop, où il attire une nouvelle fois deux défenseurs pour servir à l’aveugle son coéquipier.

Et même si le pick and roll est moins présent dans son jeu comme il l’est moins dans le jeu du Thunder cette saison, on a pu apercevoir quelques séquences, notamment avec Roby où il était tout-à-fait capable de servir un intérieur qui roule. Il en va de même en contre-attaque : il sait souvent trouver un Dort démarqué ou un intérieur qui vient en trailer. Certes la créativité à la passe n’est pas folle, il n’a pas non plus la vision de jeu d’un Chris Paul mais il est largement au-dessus du meneur average en NBA dans ce registre, prouvant ainsi une nouvelle fois qu’il a progressé et qu’il est capable de s’adapter à ce dont l’équipe a besoin et à ce que le coach lui demande.

Ce serait plus qu’un pléonasme de dire que la saison offensive de Shai Gilgeous-Alexander est une satisfaction. En effet, après une saison sophomore déjà très solide, SGA s’affirme cette année comme un joueur capable de tout faire offensivement : son jeu près du panier, déjà excellent l’année dernière, est encore meilleur, il devient un shooteur très sérieux, notamment grâce à une incroyable réussite sur les pullups, et il a prouvé qu’il était capable de mener une attaque en tant que ball-handler principal et de créer pour les autres. Après seulement 30 matchs joués, toutes les interrogations que l’on pouvait avoir sur Shai au cours de l’intersaison ont été balayées, sans même évoquer son sérieux défensif et son leadership, insolent pour un jeune de 22 ans.
On va bien évidemment surveiller la seconde partie de saison de Shai, voir s’il sera capable de monter à 25 points de moyenne, voir si son efficacité sera toujours présente, mais avec cette demi-saison, il confirme tous les espoirs qui ont été placés en lui depuis son trade, et surtout qu’il semble être un joueur capable d’être une première option offensive dans une équipe qui se bat pour le titre.

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