Même si le Thunder reste une jeune franchise, elle a déjà connu un certain nombre de performances impressionnantes en seulement 12 années d’existence. Nous avons donc décidé de réunir ces performances et d’en faire un classement. Pendant 20 jours, découvrez ou redécouvrez une performance qui aura marqué l’histoire du Thunder voire l’histoire de la NBA pour certaines d’entre elles. Pour conclure ce classement, retour sur le match où Russell Westbrook aura cassé la NBA, face aux Nuggets en Avril 2017.
Quand j’ai commencé à esquisser l’idée de faire un top 20 des meilleures performances individuelles sur un match de l’histoire de Thunder, j’ai éprouvé pas mal de difficultés à classer ces performances. Que devais-je privilégier, le clutch ou les grosses performances statistiques ? Est-ce que je prenais en compte les grosses performances dans les défaites ? Est-ce que 45 points marqués en 2012 sur un tempo plus lent est pas finalement plus impressionnant que 54 marqués sur un tempo plus rapide ? Bref, toutes ces questions qui font que classer ces 20 performances s’est révélé être une bonne grosse galère. Pourtant, au moment de choisir le numéro 1 de ce classement, je n’ai pas hésité une seule seconde, ça paraissait comme une évidence. Ce numéro 1, qui est probablement le numéro 1 de tous les fans du Thunder, c’est ce fameux match de Russell Westbrook face aux Nuggets.
Alors bien évidemment il est plus que difficile de trouver quelque chose de neuf à dire lorsque l’on évoque cette performance tant de nombreuses personnes bien plus douées que moi en ont déjà parlé. Cette performance est devenue tellement marquante qu’elle restera comme l’une des plus cultes de cette décennie. Ce n’est pas pour rien que pendant le confinement, la NBA a choisi de diffuser ce match dans la série de matchs cultes qu’elle diffusait sur YouTube. Ce n’est pas pour rien que le game-winner de Westbrook se trouve dans le top 10 des plus grandes actions de la décennie, parce que cette action est culte, parce que ce match est culte. Et s’il est devenu culte aussi rapidement, c’est parce qu’avec ce match, Russell Westbrook venait de casser la NBA comme rarement elle a été cassée.

Nous sommes le 9 Avril 2017 et le Thunder se déplace au Pepsi Center pour y affronter les Nuggets de Denver. Le Thunder, déjà assuré de terminer quoi qu’il arrive à la sixième place de l’Ouest avec son bilan de 45 victoires pour 34 défaites, n’a plus grand chose à jouer collectivement. De leur côté, les Nuggets ont encore tout à jouer et surtout tout à perdre. En effets, les joueurs de Mike Malone se trouvent à la 9ème place de l’Ouest, à la bataille avec les Blazers de Portland pour arracher ce 8ème spot, synonyme de playoffs. Et l’équation pour Denver est simple : une défaite ce soir mettrait un terme à leurs espoirs de playoffs, les éliminant mathématiquement de la course. C’est donc un Denver sous haute pression qui doit affronter un adversaire qui attend tranquillement la fin de la saison régulière. Pourtant, ce soir là, tous les regards sont tournés vers le Pepsi Center pour une raison : il pourrait être le lieu du 42ème triple-double de Russell Westbrook.
En effet, le Brodie est pour l’instant auteur cette saison de 41 triple-double, ce qui le place à égalité avec les 41 d’Oscar Robertson réalisé lors de la saison 1961-1962. Après l’avoir égalisé lors d’un match à domicile quelques jours plus tôt face aux Bucks, tout le monde pensait que le match suivant, face aux Suns, serait le match où Westbrook allait battre ce record que beaucoup pensaient ne serait-ce qu’impossible d’effleurer, encore plus difficile à égaler que la saison en triple-double de moyenne. Pourtant, volontairement ou non, Russell Westbrook ne va pas inscrire un triple-double lors de ce match face à Phoenix. Et quand on voit le match (une défaite de 21 points), on se dit qu’il a plutôt bien fait d’attendre le match suivant, quitte à se retenir face à Phoenix. Bref, c’est potentiellement l’histoire en direct qui va se jouer ce soir.
La première mi-temps est équilibrée, Denver faisant absolument tout pour se battre, ne lâchant absolument rien tandis que le Thunder réalise 24 premières minutes correctes, notamment grâce à un Russell Westbrook qui lui, n’a absolument pas envie de ralentir. A la fin du 2ème quart-temps Westbrook c’est déjà 23 points marqués, 12 rebonds ainsi que 6 assists, le tout à 9/14 au tir. Le Brodie est absolument intenable sur cette première mi-temps, faisant tout comme à son habitude pour cette équipe. Et avec ces 6 assists, il n’est donc plus qu’à 4 petites passes décisives d’écrire l’histoire.
Le troisième quart-temps va être tout autre pour le Thunder. Les Nuggets, motivés au retour des vestiaires, vont faire un run grâce aux 22 points en un quart-temps de Danilo Gallinari pour prendre jusqu’à 13 points d’avance pour finalement mener 91 à 81 au début du 4ème quart-temps. Le Pepsi Center est en feu, les Nuggets pensent avoir fait le plus dur en mettant le Thunder à plus de 3 possessions de retard, surtout que l’attaque du Thunder n’est pas dans un grand soir (normal quand on donne de grosses minutes à Kyle Singler). De son côté, Russ n’a toujours pas son triple-double puisqu’il n’a réalisé que 3 passes lors de ce quart-temps, mais il en est tout proche. Alors qu’il ne reste que 4 minutes et 17 secondes à jouer et que le Thunder est mené 101 à 88, le numéro 0 sert Semaj Christon à 3 points pour l’histoire. Le back-up de Russ va rentrer son tir (qui sera le seul fait d’arme de sa carrière en NBA), donnant au Brodie sa 10ème passe, et donc son 42ème triple-double. La salle explose, se lève et réserve une standing ovation à Russ, car tous le savent, ils viennent d’assister à un moment historique, mais ils ne sont pas encore au bout de leurs surprises.
Parce que même si Russ a fait le plus important en réussissant un 42ème match avec au moins 10 points, 10 rebonds et 10 passes, il reste tout de même une fin de match à jouer et à remporter, et on peut dire que le Thunder est dans une situation délicate. A moins de 160 secondes de la fin du match, les hommes de Billy Donovan se retrouvent avec 10 points de retard. C’est alors que Russell Westbrook va faire ce qu’il a fait tout au long de la saison : être clutch. Au-delà de la capacité qu’avait Russ à être complètement indéfendable durant les fins de match lors de cette saison (coucou les haters), il faut aussi souligner la capacité qu’avait la défense du Thunder à ne plus rien laisser passer en fin de match.
C’est donc à partir de ce moment que le Brodie va tout faire : un lay-up pour réduire l’écart à 8 points, 3 lancers suite à une flagrante + une technique de Jokic pour le réduire à 5, puis encore 3 lancers suite à une faute de Murray sur lui à 3 points pour faire passer cet écart à 4 points, puis un layup pour le réduire à 2 alors qu’il ne reste que 27 secondes à jouer. S’en suit une action manquée par Denver, où c’est… Westbrook bien évidemment qui prend le rebond défensif. Le score est de 105 à 103 en faveur de Denver, avec 3 secondes à jouer et un temps-mort Thunder. L’action suivante est rentrée dans l’histoire : Kyle Singler sert Steven Adams sur la remise en jeu, Aquaman ressert immédiatement le Brodie qui envoie une ogive à 11 mètres du panier pour la gagne : dedans. Personne n’en croit ses yeux. Pas le Pepsi Center, pas les Nuggets, pas les commentateurs, pas les spectateurs, personne. Avec la phrase historique de Brian Davis, commentateur pour Fox Sports Oklahoma « What a perfect ending… to a historic day ». Russell Westbrook vient de pousser encore plus loin les limites de l’incroyable, de l’extraordinaire.

Les statistiques de Russ sur ce match sont démentes : 50 points (17/32 au tir, 5/12 à 3 points, 11/11 aux lancers) accompagnés de 16 rebonds et de 10 passes, le tout en jouant seulement 36 minutes. Et si en plus de cette ligne de stat on rajoute le 42ème triple-double, les 13 derniers points de son équipe et le game-winner à 11 mètres qui tuent les espoirs de playoffs de Denver, on obtient la plus grosse performance de l’histoire du Thunder sur un match.
Ce soir-là, Russell Westbrook aura cassé la NBA, mettant le feu à Twitter et à tous les réseaux sociaux. Avec ce match, il venait de montrer qu’il était un joueur légendaire. Avec ce match, le Brodie venait de ponctuer une saison 2016-2017 qui restera comme l’une des plus folles de l’histoire, avec à la clé, le titre de MVP. Si beaucoup critiquent Westbrook aujourd’hui, parfois à tort, parfois à raison, personne ne doit jamais remettre en cause que le Brodie est l’un des plus grands joueurs de tous les temps, sans aucune contestation. Et il faudra quelques années avant que quelqu’un vienne le chercher comme plus grand joueur de l’histoire du Thunder. Vraiment merci pour tout, Russ.
C’est donc la fin de ce classement des plus grandes performances individuelles sur un match de l’histoire du Thunder. On espère qu’on aura à actualiser cette performance dans quelques années avec d’autres performances historiques de Shai, de Dort ou de Bazley. D’ici là, on se retrouve sur le site pour d’autres articles !