Aaron Nesmith

Quels forwards à la draft ?

Moment fort de l’intersaison, la draft arrive à grand pas. L’occasion pour nous de vous présenter des joueurs qui pourraient intéresser le Thunder avec le choix 25. Aujourd’hui, deuxième partie de notre trilogie : les forwards. Avec, comme lors du premier article, l’avis d’Alan de chez Envergure.

Pourquoi un forward ?

Comme déjà dit lors du premier article concernant les guards, le Thunder rentre dans une phase de reconstruction totale : nouveau coach, des départs probables pendant la Free Agency ainsi que des trades pendant l’intersaison donneront un roster 2020-2021 qui sera complètement différent du roster 2019-2020. De plus, avec le braquage effectué par Sam Presti lors du trade avec les Clippers qui a entraîné le départ de Paul George, le Thunder se retrouve dans une situation semblable à celle qui était survenue après le départ de Kevin Durant : OKC perd un ailier all-star candidat MVP. Si ce manque au poste 3 avait été compensé l’année dernière par l’utilisation du small-ball avec le trio Paul-Schröder-SGA, on peut légitimement penser que cette saison, avec le probable départ de Chris Paul et l’arrivée d’un nouveau coach, que le Thunder va repartir sur des bases un peu plus classiques au niveau des joueurs utilisés au poste 2/3. Drafter un forward pourrait être d’autant plus intéressant étant donné que le titulaire la saison dernière au poste 3 était Luguentz Dort. Malgré son incroyable physique, on peut se questionner sur le véritable poste de Dort, s’il n’est pas plutôt un 2 qui peut jouer 3 par instant qu’un vrai poste 3. De plus, avec le départ de Chris Paul, Shai Gilgeous-Alexander pourrait se retrouver plus souvent à jouer au poste de meneur, décalant ainsi Dort au poste d’arrière. Il paraît donc nécessaire ou en tout cas prioritaire que le management d’OKC se tourne vers un forward à la draft. Et pour cela nous avons sélectionné plusieurs joueurs, avec différents gabarits et styles, qui pourraient être disponibles au pick 25.

Les cibles potentielles

  • Saddiq Bey (21 ans, 203cm, 99kg, 208cm d’envergure, Villanova Wildcats)

Saddiq Bey semble être le parfait ailier pour une franchise NBA en 2020. Le joueur de seconde année de Villanova possède quasiment toutes les qualités demandées par les franchises à un ailier. Avec ses 203 cm et ses 99 kilos, il possède un physique parfait pour un ailier qui peut jouer poste 3 et qui peut même aller jusqu’au poste 4 tant la NBA a tendance à devenir de plus en plus small-ball. Il pourra donc déjà largement s’insérer dans une rotation NBA et attirer beaucoup de franchises avec son physique.

Son physique et son côté ultra-athlétique font que Bey peut très bien finir au cercle. Il est largement capable de prendre les contacts (universitaires en tout cas) et de ne pas exploser, comme cela était le cas pour Bazley en début de saison dernière. Et si vous faites faute sur lui, il saura vous punir puisqu’il tourne à quasiment 77 % aux lancers la saison dernière pour 3 tentatives par match. C’est déjà un premier point que l’on peut remarquer, c’est sa progression aux lancers. Lors de sa première année, Bey n’était qu’à 64 % pour seulement 1,3 lancer tenté par match. Il aura donc su progresser en deuxième année au niveau des pourcentages mais aussi être plus agressif pour provoquer plus de lancers.

Mais attention, Bey n’est pas qu’un joueur athlétique capable de marquer près du panier. Sa qualité première, celle qui fait qu’il est présent au 1er tour dans tous les boards, c’est bien sa qualité de shoot. Là encore, la progression entre sa première et sa deuxième année est flagrante. Si en tant que freshman il prenait environ 3,6 tirs à 3 points par match pour un pourcentage de réussite de 37,4 % (ce qui est déjà très honorable), il aura su une nouvelle fois progresser lors de sa deuxième année, tant dans le volume que dans les pourcentages. En effet, Bey cette saison c’est 5,6 tirs tentés à 45,1 % de réussite. La mécanique est très solide, rapide, le follow-through est superbe (les jambes un peu moins) et il est plutôt sûr de dire qu’il n’aura aucun mal à faire la transition NCAA-NBA. Une autre stat qui peut faire rêver les scouts NBA : 51,1 % de réussite sur les tirs pris en catch and shoot. Une qualité primordiale quand on sait que son handle reste encore très perfectible et qu’il éprouve des difficultés à réellement créer son shoot en tant que ball-handler.

Si Saddiq Bey arrive à tirer autant de tirs à 3 points et à les réussir avec autant d’efficacité c’est surtout parce qu’il est un bon joueur off-ball, capable de se créer un tir ouvert via des écrans et une capacité à se démarquer assez facilement en naviguant à travers les écrans. Se pose néanmoins la question de savoir s’il pourra aussi facilement se retrouver ouvert face à des défenses NBA, car sa capacité à se retrouver ouvert et à sanctionner en catch and shoot sera probablement ce sur quoi il sera le plus jugé dès son arrivée dans la grande ligue.

Défensivement, comme on l’a dit, sa taille, son poids, sa vitesse latérale ainsi que son envergure font qu’il sera capable de défendre les postes 3/4 en NBA. Attention, il est très peu probable qu’il devienne un défenseur élite mais il serait étonnant de le voir devenir un mauvais défenseur étant donné ses qualités physiques.

Autre point que l’on peut trouver intéressant : sa capacité à prendre des rebonds. Même s’il n’a rien d’élite et si sa moyenne a baissé (6,9 en année 1 contre 5,6 en année 2), il se montre tout à fait capable de prendre des rebonds aussi bien défensif qu’offensif, souvent grâce à ses qualités physique, ce qui est important en NBA, d’autant plus s’il évolue souvent au poste 4. Un autre point plutôt positif chez lui : sa création pour les autres. Trop souvent les ailiers shooteurs en NBA ont de terribles lacunes à la création pour les autres. Loin de moi l’idée de dire que Bey est un excellent créateur mais là aussi il a montré des progrès, passant de 1,7 assist à 2,8 l’année dernière.

Saddiq Bey s’impose donc comme un très bon choix pour OKC. Un joueur qui est capable d’évoluer au poste 3 comme au poste 4, excellent shooteur qui peut défendre, prendre des rebonds voire créer pour les autres si on lui demande gentiment, sans pour autant monopoliser le ballon. Néanmoins toutes ces qualités font que Bey ne sera peut-être (probablement ?) plus disponible pour le Thunder avec le pick 25 puisqu’il paraît plus que possible qu’il soit drafté entre le pick 15 et le pick 22-23. Mais s’il est encore disponible, Sam Presti pourra foncer les yeux fermés.

  • Jaden McDaniels (20 ans, 206cm, 90kg, 211 cm d’envergure, Washington Huskies)

Le cas de Jaden McDaniels est probablement un des cas parmi les plus intrigants et les plus indécis de la draft. A l’heure actuelle, est-ce que Jalen McDaniels est un joueur qui mérite d’être classé si haut dans la draft ? Probablement pas. Est-ce que son niveau actuel fait de lui un joueur qui va contribuer dès son arrivée en NBA ? Probablement pas non plus. Jalen McDaniels est avant tout un pari sur le futur, un joueur qui pendra plusieurs années pour arriver à son plein potentiel et qui doit donc tomber dans une franchise qui lui laissera le temps de se développer, pourquoi pas au Thunder ?

Le potentiel de McDaniels paraît pourtant évident. Avec ses 2m06 et ses longs bras, on peut raisonnement envisager qu’il pourra progresser au fil des années et devenir une arme offensive vraiment très intéressante en NBA. Mais pour l’instant, on ne peut juger McDaniels que comme un pari, un joueur sur qui une franchise va se lancer et qui va espérer qu’il atteigne le plafond qu’on lui promet et qui est, s’il est vraiment aussi haut que certains scouts le prétendent, parmi les plus hauts plafonds de cette draft. Certains vont loin en le comparant à Brandon Ingram, pour d’autres il peut devenir le nouveau Josh Huestis, difficile donc d’avoir beaucoup de certitudes sur le joueur.

Concernant son jeu à l’heure actuelle, il est extrêmement difficile de le juger, et ce même pour des scouts qui sont beaucoup plus qualifiés que l’auteur de ses lignes. D’un côté on peut lui trouver une certain talent dans ce qui est la pénétration ainsi que les drives, de l’autre côté on peut vraiment être inquiet quand on voit que même en universitaire il a énormément de mal à provoquer des fautes et à résister au contact. Pareil pour son shoot, si sur certains matchs et sur certaines séquences il est capable de planter de loin et même d’avoir un step-back qui peut faire rêver certains, son faible pourcentage (quasi 34 % sur 4 tentatives de moyenne) font poser des questions sur sa réelle capacité à rentrer des tirs de manière régulière en NBA.

Au rayon des incertitudes, sa défense. Difficile de réellement juger sa défense tant le système défensif des Huskies, très axé sur la zone, est à des années-lumières de ce qu’est proposé par les défenses NBA. Avec ses capacités physiques ainsi que ses très longs bras, McDaniels était très souvent utilisé comme le joueur le plus proche du cercle dans cette zone, en profitant donc pour montrer des qualités au contre (1,4 block de moyenne) ainsi qu’à l’interception. Cela ne fait néanmoins pas de lui un excellent défenseur. Pas toujours investi, capable d’oublier son défenseur ou bien de se retrouver en difficulté quand il doit défendre un joueur de sa taille en 1v1, McDaniels reste encore une fois une énigme de ce côté du terrain. Sur certains matchs il peut être concerné et efficace, sur d’autres il peut complètement passer à côté et ne pas être investi.

Pour ce qui est de ses défauts actuels, il y a pour moi 2 voire 3 points sur lesquels il doit absolument progresser s’il veut devenir un joueur important en NBA, ce sont sur ses points (avec le shoot que j’ai déjà mentionné) que sa carrière se jouera. Le premier point c’est sa création, que ce soit pour lui ou pour les autres. Quand il a la balle entre les mains, McDaniels ne montre pas un handle qui va donner envie aux GM de le drafter. De plus, il fait souvent les mauvais choix, notamment au niveau de sa sélection de tirs, ce qui explique en partie ses mauvais pourcentages. Il va souvent avoir tendance à prendre un tir contesté ou tout simplement un mauvais tir car il n’aura pas réussi à créer une distance avec son défenseur ou bien tout simplement parce qu’il est dans une mentalité de scoreur et que cela implique son lot de mauvaises décisions en attaque. Concernant sa création pour les autres, c’est peut-être là que le bas blesse le plus. 3,2 turnovers par match et TO% de 20,4 ! Ces statistiques sont inacceptables pour un joueur que certains voient quasiment comme un joueur de fin de loterie. Au-delà des pertes de balle, on a vu certaines séquences où il préférait jouer pour lui plutôt que de servir un coéquipier démarqué, ce qui, au-delà de remettre en question sa mentalité, remet en question sa vision du jeu.

Un autre point particulièrement dérangeant et qui fait que l’auteur de ses lignes n’est pas un très fan du joueur c’est sa mentalité. Comme déjà dit plus tôt, McDaniels est dans un esprit de joueur offensif, de scoreur. Pour lui, il doit être la première option offensive en attaque. Sauf que cette mentalité peut lui jouer des tours car, lorsqu’il n’est pas dans un bon soir, il est capable de se sortir du match, de ne plus du tout être concerné en défense et de, au lieu de se mettre en retrait et de servir ses coéquipiers, continuer à enchaîner les mauvais tirs et à prendre les mauvaises décisions. Défensivement, son grand nombre de fautes (3,3 de moyenne) et sa capacité à prendre des fautes bêtes ou d’énervement amènent à se poser des questions sur son côté prêt à rejoindre la grande ligue.

Pour finir, son fit avec le reste de l’effectif du Thunder, notamment avec Shai Gilgeous-Alexander n’est vraiment pas évident. Contrairement à Saddiq Bey ou aux autres joueurs dont nous allons parler dans cet article, McDaniels est un joueur qui a vraiment besoin et envie d’avoir le ballon dans les mains, ce qui risque de créer un certain embouteillage avec SGA, les deux n’étant pas réellement capable de jouer off-ball. Si on rajoute en plus de cela le côté « je ne crée pas pour les autres » de McDaniels et les talents de créateur de Shai qui laissent parfois à désirer, on arrive sur un fit qui semble loin d’être parfait entre les deux joueurs.

Comme vous l’avez constaté, beaucoup d’incertitudes concernant le profil de Jalen McDaniels. Un joueur qui a certes du talent, qui semble avoir un potentiel assez fou si on en croit certains mais qui reste pour l’instant un joueur très frustrant, très irrégulier et qui doit encore progresser sur de nombreux domaines, que ce soit physiquement ou dans ses prises de décisions. Néanmoins, si Sam Presti décide de drafter au talent et au plus haut potentiel possible, il risque de partir sur McDaniels. Mais dans ce cas, il faudra être très patient pour le voir justifier sa 25ème place à la draft.

  • Robert Woodard II (21 ans, 201cm, 104kg, 211cm d’envergure, Mississippi State Bulldogs)

Vous aimez les joueurs physiques, qui font passer le collectif avant tout, rugueux en défense, actif au rebond et prêt à se jeter la tête la première pour récupérer une balle à 50-50 ? Alors Robert Woodard II est fait pour vous. Le joueur de Mississippi State n’est clairement pas le meilleur joueur offensif de cette draft, de loin, mais il offre un plafond qui semble être haut et un plancher relativement élevé qui pourrait donner quelques envies au Thunder de le drafter.

La principale qualité de Woodard II est bien sa défense. Avec ses 201 cm, ses 104 kg et sa longue envergure de bras, il peut aisément défendre les postes 3 et 4, pouvant aller jusqu’à certains poste 2 voire 5 NBA s’il étoffe encore un peu. Avec sa rapidité ainsi que son QI défensif, il est plus que raisonnable de dire qu’il sera un joueur qui embêtera beaucoup de joueurs offensifs sur les postes 3 et 4 dans la grande ligue. De plus, il est un bon contreur pour son poste et n’a aucun problème à venir chipper un ballon dans les mains de son vis-à-vis tout en étant assez intelligent pour savoir ne pas commettre un trop grand nombre de fautes. Attention aussi à ses potentiels chase-down block qui pourraient vite rentrer dans certains top 10 tant le joueur de 21 ans ne lâche absolument rien.

Si défensivement il est donc un joueur plus qu’intéressant, en attaque c’est pas tout mal non plus. Déjà, son côté très athlétique fait qu’il n’a aucun mal à finir près du cercle, où il est tout-à-fait capable de marquer en encaissant le contact ou d’écraser son défenseur avec un bon gros dunk. Il montre même parfois un peu de créativité dans sa manière de driver, où il peut, au lieu d’y aller en force, contourner ses adversaires pour finir avec un lay-up acrobatique. Il montre aussi sur certaines séquences un certain talent pour le cut, sachant parfaitement attraper la balle et parfaitement timer le moment où il doit couper pour se débarrasser de son défenseur et créer deux points faciles. C’est un joueur qui offensivement ne forcera jamais rien et qui prendra toujours uniquement ce que la défense adverse lui donnera.

Un autre point positif concernant Woodard II c’est son activité au rebond. Lors de sa deuxième année avec les Bulldogs, l’ailier aura récupéré pas moins de 6,5 rebonds par match, dont 2,2 offensifs. Cela témoigne de son sens du placement mais aussi de son hustle, de sa capacité à toujours se battre pour aller chercher un rebond dans les mains des joueurs adversaires.

Pour poursuivre sur un point qui va ravir les fans du Thunder, c’est que non seulement Woodard sait défendre et attaquer le cercle, mais il sait aussi shooter de loin ! Sa progression entre son année 1 et 2 (de 27 à quasi 43 %) témoigne de l’entraînement hallucinant qu’a dû faire le joueur pour progresser dans ce domaine.

Avec toutes ces qualités citées, on peut penser que Woodard peut devenir un joueur all-around, capable de faire beaucoup de choses sur un terrain de basket, mais néanmoins ce dernier a quelques faiblesses qui font que sa côte n’est pas aussi élevée dans cette draft. Premièrement, son handle ainsi que sa création laisse à désirer. Il n’est et ne sera probablement pas un joueur capable de poser le ballon et d’en faire quelque chose de manière assidue tant il semble être parfois un peu perdu lorsqu’il se retrouve à devoir créer pour les autres. Cela se traduit par une moyenne très faible aux assists (1,3) et par une moyenne aux turnovers (1,9) qui peut témoigner d’une certaine maladresse balle en main..

Enfin, le dernier point qui fait que Woodard n’est pas si haut dans cette draft, c’est bien à cause des incertitudes qui règnent sur son shoot. En effet, malgré ses 43 % à 3 points, son maigre volume de shoots derrière l’arc (seulement 70 tentés) et sa mécanique, très rigide et qui doit être plus rapide au moment de déclencher, laissent planer le doute sur son profil de shooteur dans la NBA actuelle. Et pour rajouter à cela, son faible pourcentage aux lancers-francs (seulement 64 %) fait que le profil offensif de Woodard est assez flou et que certains joueurs, possédant des bases plus sûres en attaque, lui sont préféré.

Pour conclure le profil de Robert Woodard II est un profil qui peut intriguer. Avec ses qualités de défenseur et certains flashs offensifs il montre qu’il peut devenir un joueur all-around. Il peut vite devenir un des chouchous des fans et un joueur qui fait gagner des matchs à son équipe. Néanmoins, les questions sur sa réelle qualité de shoot ainsi que sur certains matchs où il n’était pas dedans défensivement laissent planer le doute sur son rôle dans une équipe NBA. Il risque d’être encore disponible au pick 25, pourquoi pas voir Sam Presti essayer de prendre le pari de le voir vraiment développer un shoot. Si c’est le cas, Woodard peut devenir un vrai steal dans cette cuvée 2020.

  • Josh Green (19 ans, 198cm, 93kg, 203cm d’envergure, Arizona Wildcats)

Parmi les nombreux extérieurs qui seront draftés au premier tour de cette draft, Josh Green fait probablement partie des meilleurs défenseurs extérieurs. A seulement 19 ans, l’australien montre un talent inné pour ce qui est de stopper son adversaire direct, un profil qui pourrait donc totalement convenir au Thunder et à Sam Presti.

Commençons par évoquer ses défauts. Le premier, comme beaucoup de jeunes joueurs qui sont dans le même registre que lui, est son handle. En effet, on peut raisonnablement dire que Green ne sera jamais un joueur capable de réellement mener une attaque tant il semble être en difficulté dès qu’il doit créer son propre shoot. Et si chez certains joueurs on peut penser qu’il pourront progresser sur leur handle au fil de leur carrière, il n’en est pas si sûr concernant Josh Green. Un autre reproche fait par les scouts NBA est sa capacité plus que limitée d’aller terminer au cercle. Dans trop de situations on l’aura vu essayer d’aller finir au cercle, quitte à se faire contrer ou à essayer un lay-up trop compliqué pour lui.

Mais mis à part ces quelques défauts, Josh Green reste un excellent joueur qui peut lui aussi se développer en un défenseur élite, capable aussi de sanctionner derrière l’arc. Si les pourcentages ne sont pas impressionnants (seulement 36 % pour moins de 3 tentatives), il possède une mécanique qui, même si elle doit se perfectionner, notamment au niveau du bas du corps, peut laisser espérer qu’il sera capable de sanctionner avec régularité dans les années à venir. Et pour le coup, ses 10 derniers matchs de la saison sont plutôt prometteurs puisqu’il aura bouclé la dernière dizaine de matchs à plus de 45 % derrière l’arc, ce qui témoigne de sa progression mais aussi d’une certaine inconstance d’un joueur qui marche beaucoup à la confiance en attaque. Il devra aussi progresser sur le fait de naviguer entre les écrans pour se démarquer car beaucoup de ses tirs sont des tirs pris en spot-up. On peut aussi souligner un certain talent pour les floaters, tir qu’il utilisait abondamment lors de sa saison avec Arizona, ce qui laisse à penser que l’australien a du toucher, ce qui peut rassurer concernant son shoot extérieur.

Une autre qualité chez Green c’est bel et bien son sens de la passe et sa vision du jeu. Si en tant que porteur de balle, celui qui pose la balle par terre, il ne sera jamais élite, en revanche, dès qu’il s’agit de trouver un coéquipier démarqué ou de servir un joueur ouvert sans avoir à poser la balle, Green excelle dans ce registre. Très bon donc pour un joueur qui s’avérera être utile dans un système où le ballon circule, car il saura faire le bon choix et faire la passe avec précision.

Et pour continuer dans le registre offensif, Josh Green aura tout intérêt de jouer dans une équipe qui court tant son jeu en transition semble être déjà prêt pour la NBA. Très souvent on l’a vu récupérer le ballon après une perte de balle ou prendre lui-même le rebond pour ensuite partir à toute vitesse pour terminer avec aisance et marquer deux points faciles. Dans une NBA qui devient de plus en plus rapide, encore un point sur lequel Green pourra apporter.

Mais soyons honnête : le vrai point fort de Green reste sa défense. Comme dit en introduction, il fait probablement partie des 5 meilleurs défenseurs de cette draft et il pourra rendre son équipe meilleure en défense dès la première seconde où il posera un pied en NBA. Pas grand-chose à dire sur la défense de Green mis à part le fait qu’il est à peu près capable de tout faire en défense. C’est très souvent lui qui se sera chargé de défendre le meilleur attaquant adverse, du poste 1 à 3 lors de sa saison avec les Wildcats. On peut raisonnablement dire qu’il sera capable de défendre du poste 1à 4 en NBA tant il semble être incroyablement à l’aise de ce côté du terrain. En terme de QI basket défensif, on est très haut, en terme de qualité de closeout, on est aussi très haut, il est capable de rester devant son adversaire même si ce dernier est lancé à pleine vitesse, il conteste les shoots avec une très grande efficacité, il est capable à certains moments de « gamble » et de tenter une interception qui va rapporter deux points en transition mais aussi à certains moments de ne pas tenter le diable et de rester discipliné, bref un joueur qui risque d’embêter beaucoup de scoreurs, même les meilleurs.

Ses deux mini points faibles en défense restent le fait qu’il peut parfois, à cause d’un excès d’intensité tant il donne, mordre aux feintes de certains joueurs et prendre une faute bête ainsi que le fait qu’il a parfois du mal à passer à travers les écrans qui sont posés par les joueurs adverses, mais en dehors de ça c’est du très très bon, qui plus est pour un joueur qui n’a que 19 ans.

Vous l’aurez donc compris, Josh Green est un joueur qui peut, de par son profil hyper défensif, intéresser beaucoup de franchises qui seraient à la recherche d’un joueur qui connaîtra son rôle et qui sera capable d’apporter en défense day one sans pour tant chercher à faire des choses qu’il ne saura pas faire. Si vous rajoutez en plus de cela une vision de jeu plus que correcte et un shoot qui, même s’il est encore perfectible, peut devenir une arme crédible et régulière, vous obtenez un joueur qui sera un parfait role player dans la NBA actuelle. Si Sam Presti veut rester dans cette optique de drafter un joueur athlétique au talent, Josh Green peut s’avérer comme un choix loin d’être déconnant. Et puis, le voir associé avec Luguentz Dort en défense pourrait en faire rêver plus d’un et créer un veritable enfer pour les extérieurs des 29 autres franchises.

  • Aaron Nesmith (21 ans, 198cm, 96kg, 206cm d’envergure, Vanderbilt Commodores)

Petit disclaimer avant de commencer à évoquer le profil d’Aaron Nesmith : il fait probablement partie de mes 5 joueurs coup de cœur de cette draft avec Tyrese Maxey, Desmond Bane, Tyrese Halliburton et Tre Jones, bien plus loin dans cette draft. Vous l’aurez donc compris, je ne suis peut-être pas la personne la plus objective concernant Aaron Nesmith tant les échantillons que j’ai pu voir de ce joueur m’ont enchanté.

On ne va pas se le cacher, sur les 4 précédents joueurs scoutés dans cet article, seul Saddiq Bey peut vraiment prétendre être à l’heure actuelle un tireur élite derrière l’arc. Mais à ce petit jeu, Aaron Nesmith le surpasse largement. Lors de sa deuxième saison chez les Commodores, Nesmith aura augmenté son volume de tirs pris derrière l’arc par rapport à la première (8,2 contre 5,5) mais il aura surtout eu un énorme coup de chaud puisque son pourcentage est absolument monstrueux : 52,2 % ! La question qui se pose autour de Nesmith est de savoir s’il sera capable de continuer à shooter de manière aussi indécente en NBA, c’est-à-dire aux alentours des 40 % dès sa saison rookie.

Pour beaucoup d’observateurs, Nesmith profite du peu de matchs joués l’année dernière (seulement 14 pour lui contre une trentaine pour quasi tous les prospects) pour avoir des statistiques aussi folles, avançant l’argument tout-à-fait recevable qu’il serait probablement redescendu de son nuage s’il ne s’était pas blessé et s’il avait joué plus de match. Mais quand on observe Aaron Nesmith, on se rend très vite compte que l’on a en face de soi un des meilleurs snipers de cette draft. Sa mécanique, même si elle peut encore s’affranchir de quelques fioritures, est bonne et il est plutôt sûr de dire qu’il parviendra à faire la transition NCAA-NBA sans trop de difficultés, même si on sait que cette transition peut parfois s’avérer être difficile ou au contraire bénéfique pour certains prospects.

Néanmoins, Nesmith reste une valeur sûre en attaque, un joueur qui possède déjà un side-step ainsi qu’un step-back et qui n’hésite pas à les utiliser pour se créer un tir un peu plus ouvert. Nesmith excelle aussi dans l’art de se démarquer. Un peu à la manière de certains shooters NBA, il parvient parfaitement à naviguer entre les écrans et à jouer off-ball pour se retrouver avec un tir relativement ouvert, ce qui encore une fois, dans une NBA qui privilégie le shoot avant tout, peut faire de lui un joueur extrêmement important dans n’importe quelle équipe, surtout en playoffs quand la pression se fait plus forte et que les espaces se réduisent. Son pourcentage aux lancers et sa capacité à aller sur la ligne (82,5 % pour 4,5 tentatives) font que Nesmith, même s’il n’atteindra jamais les pourcentages hallucinants de cette saison universitaire, reste bel et bien un shooter sur lequel on peut avoir grandement confiance dans sa capacité à rentrer beaucoup de tirs avec une grande efficacité.

Un autre point qui fait qu’Aaron Nesmith, au-delà de sa qualité de shoot, est aussi haut dans certains boards, ce sont bien ses bases très solides en défense. Même si son 1m98 et ses 96 kilos n’ont rien d’extraordinaire pour la NBA, il possède une bonne envergure qui lui permettra de sensiblement gêner son vis-à-vis. En plus de cela, il possède un bon QI défensif, qui se traduit par des bonnes aides, des bons closeouts et par un certain talent à l’interception. De plus, le joueur de 21 ans a l’air d’avoir un certain goût pour les contres (1 par match pour un arrière/aillier) et il est plus que gênant lorsque les adversaires tentent de finir près du cercle où il sait très bien placer son corps pour gêner au mieux le drive de l’attaquant adverse. C’est aussi un joueur qui, encore une fois vu sa taille et pour son poste, est très actif au rebond avec 5,5 puis 4,9 rebonds captés par match, cependant beaucoup plus dans le rebond défensif qui va soulager son équipe que dans le rebond offensif entre plusieurs joueurs.

Pour ce qui est de ses défauts, son principal, probablement celui qui l’empêche d’être dans le top 10 des boards pour cette draft, c’est son manque de handle. C’est un défaut qui est beaucoup ressorti durant le scouting de ces forwards mais Nesmith, même s’il est capable sur des séquences où il pose 1 ou 2 dribbles de s’en sortir de manière plutôt correcte, éprouve des difficultés à poser la balle sur le parquet, difficultés qui se traduisent par des séquences où il regarde la balle lorsqu’il dribble. Et cette lacune au handle est très importante puisqu’elle peut différencier un excellent role player d’une première option offensive en attaque.

Autre aspect négatif de son jeu : sa vision qui peut parfois être une vision un peu tunnel. On a vu sur certaines séquences Nesmith qui essayait d’aller forcer un tir ou un drive alors qu’il aurait pu servir un coéquipier, et son faible nombre d’assists (seulement 0,9 par match) fait qu’il ne sera probablement jamais un créateur pour les autres. Cette vision tunnel nous amène à un autre point, qui peut là-aussi différencier le simple role player d’une star offensive, c’est sa capacité à aller au cercle. Dans ce registre, Nesmith éprouve des difficultés car son premier pas n’est pas extrêmement rapide, ce qui l’empêche de se débarrasser du défenseur. Et en plus de cela, son physique ne lui permet pas de résister au contact pour aller marquer. Ne vous étonnez donc pas si vous voyez Aaron Nesmith essayer de contourner son défenseur lorsqu’il va au lay-up au lieu de prendre le contact.

Dernier reproche que l’on peut faire à son jeu, défensif ce coup-ci, c’est qu’il peut souvent se retrouver pris de vitesse par des joueurs qui ont un premier pas très rapide. Et quand on connaît le nombre toujours plus grandissant d’extérieurs rapides en NBA, il peut être légitime de se demander s’il sera capable de défendre et de tenir face à des Bradley Beal ou des Jayson Tatum. Si c’est le cas, il peut très vite devenir un défenseur plus qu’average.

Des 5 joueurs étudiés dans cet article, Aaron Nesmith est probablement le pick le plus safe. Malgré quelques interrogations sur sa capacité à créer et à finir près du cercle, sa qualité de shoot et ses bases plus que solides en attaque font de lui un joueur dont le profil est extrêmement apprécié dans la NBA de 2020. Peut-être même qu’il sera trop demandé pour que le Thunder puisse l’avoir encore de disponible au choix 25, mais il ne faut pas sous-estimer la possibilité qu’OKC, via un trade de Chris Paul ou de Dennis Schröder, puisse monter dans cette draft et il ne faut pas sous-estimer le fait que certaines franchises peuvent lui préférer d’autres joueurs, un peu plus bruts mais qui sembleront avoir plus de potentiel. En tout cas, quelque soit le scénario qui pourrait le faire débarquer dans l’Oklahoma, Aaron Nesmith au Thunder, c’est un grand oui.

L’avis d’Alan d’Envergure

Honnêtement pour OKC, si la saison de Nesmith au tir n’est pas un écran de fumée, je pense que c’est le meilleur fit. J’aime bien aussi Woodard et je pense que Presti va aimer le profil. Je te rejoins pour McDaniels sur pas mal de points. J’ai dit dès le début que ça serait jamais l’énorme star NBA qu’il était en HS. Il faut arriver à lui faire intégrer un rôle de 4 au large, floor spacer, qui tire en catch and shoot mais peut aussi poser un dribble. J’aimerais bien qu’on en fasse ce que Van Gundy avait fait de Rashard Lewis à Orlando.

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s